L’assemblée tunisienne a commis un impair plutôt déplacé mardi dernier qui a plongé les députés de l’hémicycle dans un profond malaise.
Sous la suggestion de la députée d’Ennahda Yamina Zoghlami, les députés ont récité la Fatiha en hommage à la « regrettée » militante algérienne Jamila Bouhired. Le vice-président de l’assemblée des Représentants du peuple, Abdellfatah Mourou, a accepté cette requête sans demander davantage d’informations.
La vidéo ci-dessus montre l’émotion avec laquelle les députés tunisiens se sont recueillis en mémoire à cette grande dame de l’indépendance algérienne, épouse du célèbre et défunt avocat Jacques Vergès.
Or, coup de théâtre, l’amabassade d’Algérie à Tunis fait parvenir un courrier dans lequel il est stipulé que la militante du FLN algérien (Front de Libération National) est bel et bien vivante et que cet élan commémoratif est survenu un peu trop tôt…
Même si l’action symbolique est partie d’un bon sentiment, il n’en demeure pas moins que les députés se trouvent depuis lors dans un embarras de taille. Pour preuve le ton monte au sein du parlement tunisien :
« On vient d’être informé par l’ambassade algérienne qu’elle est en vie. (…) Madame Zoghlami, tu as tué cette femme et nous avons lu la fatiha alors qu’elle est encore en vie!« , s’est écrié Abdellfatah Mourou, d’après la citation de la radio Jawhara FM. « Qu’est-ce qu’on fait de la Fatiha maintenant?« , poursuit-il et à l’intention de la députée Yamina Zoghlami « Vérifiez avant de nous demander de réciter la Fatiha ».
Jamila Bouhired est une figure de la lutte pour l’indépendance algérienne. D’un père algérien et d’une mère tunisienne, elle a mené le combat de front, elle a été arrêtée, torturée et condamnée à mort. Elle a finalement été graciée en 1962 suite à une formidable campagne menée au niveau mondial par l’avocat Jacques Vergès qui deviendra trois ans plus tard son époux.