Anis* (le nom a volontairement été modifié), père de famille respectable et chef d’entreprise, a récemment été victime d’une bavure policière à Metz alors qu’il se promenait en famille. Le 29 août 2014 restera à jamais gravé dans la mémoire d’Anis et de ses proches, témoins d’une véritable agression. Trois semaines après, la famille est toujours sous le choc mais a décidé de parler afin que la Communauté connaisse le sort qui a été réservé à Anis pour un simple geste civique.
Evidemment, il n’est pas question de jeter l’opprobre sur toute la police nationale mais d’alerter le Ministère de l’Intérieur afin que ce dernier prenne les mesures nécessaires pour réparer une faute grave dont les traumatismes resteront à jamais ancrés. De plus en plus de musulmans se plaignent de contrôles à répétition, notamment sur des femmes voilées, de mesures d’exception sur des jeunes ou des religieux.
En 2014, en France, les citoyens musulmans ont comme tout le monde le droit à la sécurité, au respect et à la dignité. Les récents événements à Trappes, Argenteuil ou encore Lyon ne sont que des marqueurs d’un ras-le-bol général devant tant d’injustice contre une Communauté qui contribue au développement du pays.
Merci à Anis qui a eu le courage de témoigner malgré les pressions encourues contre lui et sa famille. La médiatisation des discriminations est un premier pas vers le respect. La lutte pour les droits des musulmans en France ne fait que commencer.
« Voici la vérité sur ce qui s’est passé lors de mon agression, avec ma femme et un de mes fils de 2 ans et demi, voici une copie des courriers que j’ai envoyés à différents ministères, ceci est la pure vérité.
Un jeune en scooter percuté par la police
Les faits : Le 29 août 2014 entre 19h30 et 20h, je me trouve avec ma conjointe, ainsi que notre plus jeune fils de 2 ans et demi, sur Metz-borny, pour aller acheter de la viande à la boucherie. Une fois cela fait, nous remontons dans notre véhicule, je prends le volant, et là j’aperçois un véhicule de police qui fonce sur un jeune en scooter qui n’avait pas de casque et que je connaissais. J’arrive sur les lieux de l’accident, je constate que la police a percuté le jeune sur le coté, ce qui a éjecté le jeune du scooter. Les policiers se concertent et au bout de quelques secondes, ils se sont approchés de la victime qui me demande de filmer, ce que ma conjointe fait. Au bout de quelques secondes, je reprends le téléphone pour filmer les débris du scooter et le scénic de la police endommagé.
Je parle avec la victime qui me dit que la police lui est rentrée dedans exprès et me demande de continuer à filmer. Un policier s’approche de moi, et me dit calmement « il ne faut pas filmer s’il-vous-plaît, il faut quitter les lieux ». Je lui réponds que je ne filme pas la police et je commence à m’avancer vers mon véhicule, pendant ce temps des policiers de la BAC me montrent du doigt à d’autres collègues. Là j’aperçois un véhicule de police garé juste à ma hauteur sur le trottoir d’en face. J’aperçois 2 policiers armés qui se font des signes de la tête envers moi, comme s’ils se disaient « c’est lui ». Un des deux policiers se dirige vers l’accident, tandis que le premier arrête de marcher en me fixant et il me dit:
« – Dégage de la, tu n’as rien à foutre là, b***.
– Pourquoi tu me parles comme ça trimard (une personne qui connait rien à la vie), ai-je répondu.
– C’est bien beau de se la péter en BMW, j’aimerais bien savoir ce que tu fais comme boulot.
– T’inquiètes pas pour moi, je ne suis ni trafiquant, ni dealeur, ni braqueur, je travaille légalement, je possède 2 sociétés, si tu travailles pour 1200€ c’est ton problème pas le mien ».
Et là, il se met à la hauteur de mon véhicule car lui est debout et moi assis dans le véhicule, me regarde et me dit c’est toi le meilleur en mettant son pouce en l’air.
Mon agression
Je démarre, j’avance normalement, rien ne se passe derrière moi, puis j’arrive à un 2ème feu rouge. Tout à coup, nous entendons un gros coup de frein à main, on aperçoit un véhicule de police avec les gyrophares qui a du mal à s’arrêter et qui est à deux doigt de taper le véhicule devant nous. D’un coup on voit trois policiers armés, flash-ball, arme de pointe, gazeuse à la main. L’un des policiers sort côté passager avant avec une vraie arme de style de petite calibre automatique. Ce dernier met en joue ma femme, mon fils et moi.
Je précise que j’avais les mains en l’air, je disais « doucement, j’ai mon fils qui est dans la voiture, doucement je vais descendre, doucement je vais descendre » quand le policier dit à son collègue « gaze le par la fenêtre ce bâtard ». Son collègue s’approche de mon véhicule à ma hauteur, tend sa main, en sachant qu’il a vu et entendu mon fils de 2 ans et demi, hurler de peur, il continue à avancer sa main au niveau de ma vitre qui était entrouverte. J’ai eu le réflexe de fermer la fenêtre pour protéger mon fils de la gazeuse.
Le policier me redit, arme au poing « descend ou je vais t’allumer ». Il repointe en joue ma conjointe, je regarde sur ma gauche et là je ne vois aucun policier au niveau de ma portière. Je décide de descendre vite avec les mains en l’air, en lui disant « j’ai pas d’arme, j’ai pas d’arme ». Les 2 policiers se jettent sur moi, l’un deux me fait un croche pied, je tombe sur la tête, l’autre saute sur mon dos, et me donne plusieurs coups sur la tête avec le bout de la gazeuse.
Pendant que l’autre me met des coups sur les hanches. Ils disaient « sale chien t’aime bien filmer la police » pendant que j’entendais ma conjointe et mon fils hurler. Je dis à ma conjointe de filmer. Un des trois policiers se relève, un autre s’approche, me tient au sol, tout en m’étouffant avec son genou et en me mettant des coups de poing dans la tête. Il dit a son collègue « gaze la cette p***, arrache lui le téléphone » en parlant de ma conjointe. Ma conjointe commence à descendre du véhicule en filmant et le policier qui s’était relevé pousse plusieurs fois violemment la portière contre ma conjointe qui est complètement écrasée et qui n’arrive pas à s’extraire. Il a même essayé de lui prendre son téléphone. Mais voyant qu’il n’y arrivait pas, il lui a tiré les cheveux.
Ma femme criait « aidez nous, aidez nous ». A ce moment là, il s’est écarté. Ma conjointe fait le tour du véhicule, et filme ce qu’ils étaient en train de me faire. Un policier la repousse muni de son flash-ball et lui dit « occupe toi de ton gosse », ce qui prouve bien qu’ils étaient au courant qu’il y avait un enfant dans le véhicule.
Pendant que j’étais au sol menotté, il m’a retourné sur le dos, en me tirant très fort sur mes poignées, et me disait « tes poignées je vais te les briser sale fils de p***, je vais te crever ». D’ailleurs dans la vidéo on voit qu’il essaye de me tuer en m’étranglant devant les yeux de mon fils. Il me ramène au niveau de leur véhicule, un policier m’écrase contre la voiture, il décide de me faire monter de l’autre côté du véhicule. Lui et son collègue me tenaient tellement fort en me menaçant que j’ai cru mourir. Je sentais que quelque chose allait m’arriver, je le voyais dans ses yeux, il ne savait plus ce qu’il faisait. Tellement il me soulevait haut par les bras, j’avais la tête vers le bas et les mains vers le haut en arrière, j’avais une douleur atroce, je croyais que j’avais mes épaules brisées.
En voyant, qu’il n’arrivait pas à me mettre dans leur voiture, il me prend par le cou en arrière en serrant avec ses 2 bras. Je pousse avec mes deux jambes, toujours menotté et je crie « je vais mourir, je vais mourir ». Il se couche sur le capot de ma voiture, tout en me serrant au cou de toute sa force avec ses deux bras. Il m’a tenu avec une main par la gorge et avec la deuxième main, il essayait de me décrocher la gorge.
Il dit à son collègue « gaze le ». Celui-ci approche avec la gazeuse et me gaze en plein visage et de près. J’ai avalé tout le produit, je ne respirais plus. Pendant ce gazage, un policier continuait à me tirer sur le cou en me disant tout en grinçant des dents « je vais te crever ».
Je commence à perdre connaissance, car il m’appuie trop sur le cou, mais ça ne l’empêche pas de me jeter dans le véhicule. Je me retrouve dans le véhicule, au moment où le claquement des portes retenti je reprends mes esprits. Je sens un poids sur moi, c’était un des policiers qui s’était assis sur moi. Je dis « svp, enlevez vous je ne respire plus ». Il me dit « tu n’as qu’à pas respirer, crève sale chien ». Le policier à l’avant du véhicule se retourne et me dit « crève, crève », en me donnant plusieurs coups de poing sur la tête, et il redit à son collègue d’appuyer fort sur ma tête, ce qu’il a fait. Je garde des séquelles encore aujourd’hui.
L’arrivée au commissariat
Nous arrivons au commissariat, les coups continuent à pleuvoir ainsi que les menaces de mort. Un policier descend du véhicule et m’éjecte du véhicule en me tirant violemment par le pied, entraînant ma tête contre la carrosserie et ensuite par terre. Il me soulève par les pieds et par les poignées, me monte dans le bureau. Un de ses collègues veut me mettre assis sur une chaise, mais le policier crie « non, non, non, jetez le par terre ce chien ». Il me pousse violemment par terre, ma tête cogne le mur, il me dit « tu vas crever, je vais *** ta mère *** ».
Il me frappe violemment au visage, me marche sur la cuisse, ensuite il s’éloigne vers la porte pour parler avec ses collègues. J’essaye de me relever doucement sur mes genoux en pleurant. Je l’insulte et lui dis qu’il va payer pour le mal qu’il me fait que le bon Dieu existe. Il me répond en se moquant « c’est moi dieu ». Je lui réponds « toi t’es qu’une m*** ». Il devient tout rouge, se dirige vers moi, me prend au cou, me claque la tête contre le meuble. Ma tête saigne, il me jette par terre, je perds connaissance, le sang gicle partout du dessus de ma tête.
J’entends son collègue dire qu’il y a du sang partout et qu’il faut m’emmener à l’hôpital, mais le policier refuse. Il me tire par les poignées, en me disant de me lever « fais pas semblant », alors que je voyais des étoiles et priais Dieu.
Le policier continue toujours à me tirer, et appuie avec ses doigts sur mon cou pour voir si je respirais. Il dit à son collègue « c’est bon il respire, il fait semblant ». Je l’insulte de nouveau alors il me met la semelle de sa chaussure sur le visage, appuie fortement avec ses chaussures de sécurité, en me disant « tu veux pas crever sale fils de p*** ». J’en ai gardé des traces sur le visage.
D’un coup, je reprends très vite mes esprits et je crache sur sa jambe. Pour se venger, il a soulevé son pied pour me donner un coup et écraser ma tête. Je perds connaissance une nouvelle fois. D’un coup je me réveille, de l’eau coule sur moi. Le policier insiste sur le fait que je joue la comédie. J’essaye de me relever sans aide de la part d’aucun policier, car ils étaient tous occupés à rigoler.
Un de ses collègues lui dit d’appeler les pompiers, qu’ils risquaient d’avoir des problèmes. Le policier qui me malmenait a estimé qu’une trousse de secours ferait l’affaire. En entendant ces mots, j’ai exigé d’aller à l’hôpital pour me faire soigner et voir mon avocat. Le policier me répond que l’avocat c’est plus tard, et que pour l’hôpital c’est trop facile, que j’allais rester là comme un chien. Je lui dit qu’il ne m’impressionne pas et qu’il devrait voir qu’avec tous les coups que j’ai reçu, je résiste encore. Il me répond « t’inquiètes pas dans les geôles, ça sera ta fête ». Je lui réponds « j’espère pour toi que je serai menotté ».
Les pompiers arrivent au commissariat
J’aperçois 3 policiers de la BAC qui passent dans le couloir, l’un d’eux leur a dit « c’est bien les gars, il faut le n***celui la », en me pointant du doigt. Puis, au bout de plusieurs heures, les pompiers arrivent pour me soigner. Tout de suite, le policier se jette sur un des pompiers et lui parle à part. Quand le pompier est revenu vers moi, il avait un comportement bizarre. Ce pompier inspecte les blessures. Il constate l’état de mes lésions sur le crane, et informe les policiers qu’il faut que je sois emmené tout de suite à l’hôpital. Le policier insiste pour que je reste en allant jusqu’à proférer des gros mots.
Le pompier dit au policier qu’il faut qu’il y ait un véhicule de police qui nous accompagne. Le policier ne voulait pas s’en charger. Tout d’un coup, un nouveau policier est venu dans le bureau et a entendu le problème. Or, aucun véhicule n’était disponible. Donc le pompier propose de faire signer une décharge. Un des policiers prend la parole et dit « on ne peut pas faire ça, on n’a pas le droit, on va se faire allumer par le chef ».
Je faisais semblant de ne pas entendre, j’étais toujours un peu dans les vapes mais j’entendais tous. Finalement, ce sont des collègues du policier qui a refusé de m’escorter et a préféré rester dans son bureau, qui ont préparé le rapport avec soi-disant : outrage, menace de mort, refus de se soumettre au teste d’alcoolémie et de stupéfiant, … la totale, tout cela pendant que j’étais en train d’agoniser dans mon sang.
On se rend à l’hôpital… Enfin !
Nous nous rendons à l’hôpital tranquillement. Je vomissais dans la camionnette des pompiers. Une fois arrivés à l’hôpital, deux infirmières très gentilles et un autre infirmier me prennent en charge, me demandent ce qui s’est passer. Je leur raconte, et tout de suite un policier rentre et leur dit de faire attention, que je suis dangereux.
Une des infirmières lui répond de ne pas s’inquiéter et ferme la porte. Elle m’a dit que là j’étais en sécurité et qu’ils allaient faire un rapport sur les blessures. J’ai vu le médecin qui a regardé mes blessures, il me demande comment j’ai fait ça, je lui raconte, il commence à me soigner, tout en me parlant gentiment. Un des policiers l’appelle, lui parle, le médecin revient, et tout d’un coup il a un comportement bizarre. Il termine de me soigner, et signe le papier comme quoi je suis apte à la garde à vue malgré toutes mes blessures.
Nouveau départ pour le commissariat
On repart au commissariat. Une nouvelle équipe me prend en charge. Les policiers me font souffler dans le ballon, le taux est de zéro. Il me demande si je veux être auditionné maintenant ou après avec mon avocat, car pour l’instant celui-ci ne répond pas au téléphone. Il m’explique les faits qui me sont reprochés : outrage, rébellion, menace de mort, et refus de se soumettre aux dépistages d’alcoolémie et de stupéfiant. Je réponds que je n’ai rien fait de tout cela et que s’il n’y a pas d’avocat, pas d’audition. Le policier me répond « assis toi, calme toi, on va discuter calmement ».
Je commence à m’énerver en lui disant de me descendre dans les geôles, c’est moi la victime dans l’affaire ce n’est pas eux. Je lui dis « maintenant, tu me descends dans les geôles ». Il m’a répondu par l’affirmative.
Une fois dans la geôle, […] j’ai réussi à dormir quelques heures, pour récupérer des forces. Au bout de ces quelques heures, l’odeur d’urine était tellement devenue insoutenable, que je n’arrivais plus à respirer, ça me brulait au visage, on dirait qu’il n’y avait plus d’aération dans cette geôle. Plus d’air ! Je demande qu’on me change de geôle ou qu’on me donne une serpillière. Cependant, la geôlière refuse.
Je commence à taper très fort sur la porte avec ma main, une fois que j’ai commencé à me taper la tête contre la porte et que mes agrafes se sont détachées, j’ai commencé à saigner de nouveau, elle a constaté et a appelé son supérieur. Le brigadier est venu et m’a demandé de rester tranquille sinon il me mettrait un casque sur la tête.
Je lui répond que je ne veux pas de problème, je veux juste dormir, changer de cellule, ou une serpillère je la lave. Tout d’un coup, il me dit « ok, pas de problème », je lui réponds « merci chef ». Il me dit « attend j’arrive, je vais te changer de geôle ». Il parle avec la geôlière, ainsi qu’avec d’autres policiers, repart dans un bureau, pendant de longues minutes, et reviens me voir, et me dit finalement pour la cellule d’à côté que ce n’est pas possible.
De nouveau à l’hôpital
[…] Mes blessures à la tête saignent de nouveau très fort. Je suis conduit à l’hôpital. […] Une dispute éclate entre moi et la policière qui m’a accompagné car elle se moquait de moi. Voyant que je ne me laissais pas insulter sans rien dire, elle demande une prise de sang pour détecter des stupéfiants. Le médecin préfère attendre que les soins soient finis ce qui agace la policière.[…]
Je demande d’être seul avec le docteur. Il leur a demandé gentiment de sortir, et la policière lui a répondu « vous prenez la responsabilité s’il arrive quelque chose ». Elle essaye de me faire passer pour un criminel ou pour un fou peut être. Le médecin les fait se diriger vers la porte, et là elle dit « je dois partir, il faut que vous me signez le papier comme quoi vous avez refusé la prise de sang ». Je lui dis que je n’ai pas refusé, que je le ferais une fois que mes blessures seront soignées. Elle me dit « c’est maintenant ou rien ». Je lui dis de partir.
Elle fait signer le papier au médecin, il ne savait plus quoi répondre. Une nouvelle équipe arrive et tout se passe bien, le médecin part avec les autres policiers pour discuter pendant que j’attendais avec la nouvelle équipe. J’espérais qu’ils ne seront pas pareils. Bonne surprise, ils me parlent, me remontent le moral, me ramènent de l’eau à boire, me proposent si je veux un café. Je leur raconte ce que j’ai subi. L’un prend une chaise, s’assoit à côté de moi et me tient la main en me disant de ne pas m’inquiéter « on va faire attention à toi cette nuit dans les geôles car j’ai un ancien collègue à nous, qui patrouillait avec nous, et ce soir, il est de garde des geôles, donc ne t’inquiètes pas, il est super gentil, il veillera sur toi et te mettra dans une cellule propre ».
Le médecin revient, il termine de me soigner mes blessures. En disant de faire attention à moi et à mes agrafes, il donne le papier m’attestant apte pour la garde à vue, mais pas de scanner pour la tête rien, c’est comme si on l’avait houspillé pour qu’il se dépêche.
Et encore le commissariat…
Je repars avec les policiers très gentils qui me remontent le moral dans la voiture. Une fois arrivés dans les geôles, ces derniers ont tout de suite dit au geôlier de me changer de cellule, car l’autre est infecte.
Une fois dans ma nouvelle cellule, je remercie les policiers et le geôlier. Je m’endors enfin tranquillement avec mes douleurs et ma fatigue, c’était seulement ce que je voulais.
Le lendemain, ils viennent me chercher dans la cellule et me disent « audition ». Je remonte dans le bureau, ils me posent quelques questions et je ne comprends plus rien. Il me dit :
» T’as voulu écraser mon collègue avec ta voiture.
– Non, répondis-je, c’est pas vrai, j’ai une vidéo qui prouve le contraire.
– Elle est où cette vidéo ?
– Quelque part.
Il poursuit en me posant pleins de questions. Je demande mon avocat. Il m’affirme que celui-ci ne répond pas, il serait en vacances. Je lui dis d’appeler ma femme, qu’elle me trouvera un avocat. Il me répond qu’il n’a pas que ça à faire. Je dis que dans ce cas, je fais ma déposition chez le procureur et je lui demande de me descendre dans les geôles. Il me descend dans les geôles, il me dit qu’il appelle le procureur et qu’on va voir s’il prolonge ma garde à vue ou pas.
Il me met dans la geôle, et surprise, un nouveau geôlier, très gentil. […] Je lui parle de mon problème d’avocat, il m’a conseillé de prendre un avocat commis d’office, dans la situation dans laquelle il faut en prendre un vite.
Le soir même, l’avocate commise d’office arrive, me parle 5 minutes et m’explique que demain, je serai déféré au parquet.
Le rendez-vous au tribunal
Le lendemain, au tribunal, surprise, le procureur demande mon maintien en détention, et que les faits qui me sont rapprochés sont outrage, rébellion et menace de mort sur 6 policiers. Je tombe de haut. Je commence à lui expliquer en larmes que je n’ai rien fait et qu’il y a une erreur, il m’a répondu par la négative. J’ai affirmé qu’il y avait des vidéos et des témoins, mais il n’a rien voulu savoir.
Je monte chez la juge des libertés, je lui explique tout de A à Z, qu’il y a une erreur, je lui ai dit de bien faire son enquête et qu’elle verra que je suis innocent. Mon avocate a bien expliqué la situation, comme quoi c’était de la jalousie. Une fois les discours finis, nous avons attendu dans le couloir qu’elle délibère pendant de longues minutes.
La greffière vient me chercher avec mon avocate, et là, surprise, la juge me maintient en détention provisoire, pour le lendemain au tribunal quand je serai jugé pour les faits qui me sont reprochés. Donc une nuit, à la maison d’arrêt de Metz queuleu, qui se passe sans problème.
Le lendemain, comparution immédiate au tribunal. De nouveau surprise, j’écope de 6 mois de prison dont 3 mois avec sursis et 2 ans de mise à l’épreuve, ainsi que des dommages et intérêt que je dois verser au policier.
Fin du témoignage.
Anis vit depuis dans la crainte d’une nouvelle bavure comme il l’écrit sur sa page Facebook. Les agents présents ce jour doivent être sanctionnés sévèrement sous peine d’entacher un peu plus l’uniforme de la police. Bernard Cazeneuve et le Préfet ont le devoir de recevoir cette famille sous le choc devant tant de violence. L’Etat doit agir rapidement afin que musulmans, jeunes des quartiers ou encore femmes voilées retrouvent confiance dans le rôle de la police nationale.