A partir de Lundi 17 février 2014, le ministre danois de l’agriculture et de l’alimentation a rendu obligatoire l’étourdissement préalable des animaux de boucherie avant qu’ils ne soient abattus.
Cette décision interdit de facto les abattages rituels juifs et musulmans. En effet, le rituel juif et musulman oblige que les animaux soient pleinement conscients au moment de leur abattage.
Les communautés juives et musulmanes du Danemark ont toutes deux critiqué ouvertement cette décision, invoquant le fait qu’elle piétine leurs droits religieux mais le ministre Danois a rétorqué que » les droits des animaux sont prioritaires par rapport aux droits religieux ».
Même si, comme le reconnaît le Congrès juif mondial, la décision des autorités danoises aura peu de conséquences pour les 6000 juifs danois, « car depuis environ 10 ans, toute la viande casher du pays est importée », cette décision intervient alors que plusieurs pays européens (Pologne, Islande, Norvège, Suède et Suisse) ont déjà pris des dispositions similaires, provoquant l’incompréhension des juifs européens. Cependant, elle aura des conséquences pour les musulmans du pays qui eux n’importent pas leur viande.
Le vice-ministre israélien des cultes Eli Ben Dahan a quant à lui fermement condamné jeudi 13 février la décision danoise, qu’il a placée dans un contexte d’atmosphère antisémite en Europe. « L’antisémitisme européen dévoile son véritable visage et se retrouve même dans les sphères gouvernementales, a-t-il mis en garde.
Il dénonce cette décision en appelant même l’ambassadeur danois (en Israël) à empêcher l’application de la décision qui interdit l’abattage casher et déclare que les juifs ne se tairont pas. Mais pour le président de la communauté juive danoise, la décision n’a pas été dictée par l’antisémitisme, d’autant que les relations entre le judaïsme danois et le gouvernement sont « parfaites ». Il s’est toutefois inquiété que le ministre de l’agriculture a évité de passer par le Parlement.
« Quand vous avez des minorités religieuses dans une société, vous devez les respecter, même si vous n’aimez pas ce qu’elles font, a-t-il expliqué au Jerusalem Post.
De son côté, le commissaire européen à la santé, le Maltais Tonio Borg, a affirmé jeudi à Bruxelles au rabbin Menachem Margolin, directeur général du Centre rabbinique européen, que cette décision était « contraire au droit de l’UE » et qu’il avait l’intention de demander au gouvernement danois de fournir des éclaircissements sur la question.
Le gouvernement danois concède que la législation européenne prévoit bien une exception pour raison religieuse à l’obligation d’étourdissement préalable des animaux avant l’abattage, mais affirme qu’elle n’a pas à être obligatoirement appliquée par tous les États membres.
La question de l’abattage rituel a d’ailleurs été un des sujets soulevés lundi au cours d’une rencontre entre le rabbin Pinchas Goldschmidt, président de la Conférence européen des rabbins, et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso au cours de laquelle ont été évoquées les « attaques continuelles contre les minorités religieuses en Europe ».
Il est fort regrettable que les musulmans ne se soient pas montrés plus fermes concernant cette décision. En effet, il s’agit d’ une restriction supplémentaire des droits et libertés religieuses en Europe qui passe quasiment inaperçue.