Les Cygnes noirs en 2013 – Bilan et perspectives d’une année charnière pour la communauté

Une vision, un constat, une perspective (partie 1)

L’année 2013 fut sans aucun doute une année charnière pour la Communauté et l’évolution de sa situation en France.

Nous ne prétendons pas ici vous donner un bilan complet des douze mois passés mais plutôt vous livrer ici ses « cygnes noirs ». C’est ainsi qu’a qualifié la CIA dans son dernier rapport, Global Trend, les « évènements discrets ou imprévus qui pourraient causer des ruptures de grandes ampleurs ». Si remarquer ces indices fait partie habituelle du travail de prospective c’est sans doute parce que parfois ils décident de l’histoire d’un pays ou d’un peuple.

Ces évènements se sont dernièrement multipliés donnant à cette année une couleur noire éclatante. Nous verrons donc de façon synthétique et résumée quels sont concrètement ces fameux incidents en explicitant leurs actions et leurs effets. De prochains développements viendront compléter le récit et l’analyse de ces phénomènes hors pairs.

Quelles que soient les critiques formulées sur le déroulement de ces cygnes noirs, ils demeurent pour nous une clé de voûte qui scelle l’entrée de notre Communauté vers de nouveaux horizons.

** Un Ramadhan J+1 **

LES FAITS

Un accord au sein des « institutions représentatives musulmanes » permet d’arrêter unilatéralement une date unique pour le premier jour du Ramadhan 2013 en s’appuyant sur la méthode dite des calculs astronomiques. La démarche du CFCM est appuyée par l’Etat français via les médias mainstream.

Pourtant la Communauté dans sa grande majorité refuse de fait la date annoncée et ne jeûne que le lendemain. Une partie du CFCM se ravise et souscrit à la décision de la « vox populi ».

CONSTAT

  • Le CFCM par cette « défaite » prouve son discrédit au sein de la base communautaire.

  • L’Etat malgré son appui médiatique ne parvient plus à imposer ses obligés.

  • De nouveaux pôles d’influences se révèlent en revendiquant leurs indépendances décisionnelles. A certaines mosquées libres et excentrées de province s’ajoutent à la liste des émergents des réseaux plus anciens et plus structurés comme celui des mosquées des Yvelines et de l’UAM 93 qui ont annoncé conjointement le J+1.

  • L’information communautaire par site et réseaux sociaux prend une importance décisive dans la prise de position des masses.

  • La victoire de la méthode traditionnelle de décret du jour J démontre la victoire idéologique sur le terrain de l’orthodoxie face aux modernistes affiliés ou non à l’UOIF.

PERSPECTIVES

Le Ramdhan 2013 J+1 pourrait devenir l’acte de décès d’un CFCM maintenu en vie artificiellement par l’Etat. Ce J+1 célèbre également tardivement l’acte de naissance et l’émergence coordonnée de pôles régionaux et réseaux d’influence 2.O qui feront sans doute le futur de l’histoire de la vie communautaire française.

** Révoltes d’Argenteuil et Trappes **

LES FAITS

Des agressions islamophobes répétées ont lieu contre des femmes voilées ou en niqab dans plusieurs villes. Dans celles-ci sont impliqués des civils comme des forces de l’Etat, sans que les politiques, les médias et les associations de défense des minorités ne daignent réagir.

En réponse à ce silence vécu comme complice, des révoltes éclatent à quelques semaines d’écart à Argenteuil et à Trappes.

Des collectifs locaux, Collectif des habitants d’Argenteuil et Bezons et Collectif des Habitants de Trappes, s’impliquent dans les évènements. Ils en assurent directement la gestion en assistant les victimes et en assurant une médiation avec les pouvoirs publics.

Selon la volonté ou non de dialogue des instances représentatives locales de l’Etat, les révoltes évoluent vers des discussions constructives ou des émeutes. Dans les deux cas, le soutien et la mobilisation de la population locale est manifeste.

CONSTAT

  • Ces révoltes constituent les premières révoltes populaires contemporaines françaises prenant pour socle la défense d’une minorité religieuse opprimée.

  • Des collectifs locaux prennent la direction de la gestion de crise en se substituant aux habituelles organisations associatives professionnelles.

  • Ces collectifs dépassent en efficacité les organisations conventionnelles et engagent de suite une médiation avec les plus hautes instances de l’Etat (mairie, préfecture et ministère).

  • Ils parviennent à donner une dimension nationale à des problématiques locales en dénonçant les lois islamophobes et discriminatoires anti-femmes voilées ou niqabées comme le nœud gordien de tous ces évènements.

  • Ceux-ci rentrent efficacement et rapidement en interaction avec les associations militantes de terrain (CRI) et les médias communautaires (Islam&Info et Islamotion)

  • Les sites communautaires 2.0 comme Islam&Info et Al Kanz parviennent à supplanter la propagande médiatique officielle ainsi littéralement discréditée.

  • La mobilisation des femmes musulmanes voilées ou non est grande laissant comprendre que la lutte contre l’oppression d’Etat est désormais libre et largement partagée.

  • Les associations professionnelles en quête de respectabilité, les antiracistes professionnels et les « représentants » de l’Islam de France sont marqués par le discrédit.

PERSPECTIVES

Ces évènements confirment l’émergence de nouveaux pôles d’influence protéiformes capables de supplanter l’action des organisations conventionnelles conformistes et l’inertie complice des associations professionnelles en réussissant à prendre de vitesse les politiques et les médias.

La confluence de l’action locale de terrain et des nouveaux princes du 2.O promet des actions qui gagneront de jour en jour en efficacité et en vitesse.

Le discrédit des représentants et les insuffisances des « professionnels » de l’islamophobie devenant de plus en plus visible, le paysage communautaire musulman français sera certainement bouleversé et redimensionné.

Il est à noter que la masse adhère spontanément à ces actions en tournant le dos aux organisations institutionnalisées.

Une nouvelle forme de structure fluide apparait et permet d’entrevoir la naissance d’un réseau postmoderne alliant la spontanéité politique de la Commune de 1871, la cohésion communautaire des luttes d’émancipation afro-américaines et l’immatérialité de la cyberwar.

Le souci majeur des nouveaux acteurs ne sera pas tant de réitérer leurs manœuvres mais bien d’éviter les tentatives de récupération de type SOS Racisme relooké qui voient déjà le jour.

** La LDJM, ouverture d’une autre dimension **

 

A suivre : Prochainement Islam&Info publiera la partie 2 de cette analyse signée Elias d'Imzalène

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