EDITO : LE JOUR D’APRÈS
On l’aura attendu le fameux jour d’après, mais rien.
Rien qui n’ait changé, rien qui n’ait bougé, si ce n’est en pire. A nous faire regretter jusqu’à hier.
Alors malgré les serments de grands révoltés du confinement, chacun a repris ses bonnes petites habitudes de gueulard, mais pas trop, et ça ne sera pas décidément pas demain le grand soir. Tout juste un dîner de cons…
Parce qu’ils nous ont tous parlé du jour d’après. Mais du jour d’après quoi au juste ?
D’après la gestion catastrophique et meurtrière de ce gouvernement de la crise du COVID ?
Ou d’après les restrictions budgétaires faites à nos hôpitaux pour satisfaire la finance ?
Ou carrément le jour d’après ce système libéral capitaliste qui a prouvé que la quête éperdue du profit sans morale ne donnait pas le bonheur aux hommes, ce qu’on savait, mais qu’en plus il était capable de les sacrifier sur l’autel du veau d’or à la moindre épidémie ?
Eh bien, on ne s’est jamais posé la question de »l’après quoi » et c’est pourquoi, du FN aux Insoumis, ça a tous couru au Mc Do ou à Zara dès le déconfinement annoncé. Une fin de l’histoire que n’aurait même pas osé imaginer Fukuyama…
Alors vive Bigard, en espérant qu’il redonne un peu de pudeur à ce gouvernement né avant la honte.
Alors vive Patrick Sébastien qui rendra lui un peu de radicalité à notre extrême droite et à notre extrême gauche.
En un mot, vive la France d’après !
Car si avant on sous-payait les infirmières maintenant on leur offre une médaille pour avoir su mourir héroïquement en silence.
Si avant on laissait les grandes entreprises licencier l’ouvrier pour pouvoir délocaliser l’usine à masques maintenant on leur offre même des milliards en prime pour en licencier plus encore.
Et si pendant le confinement on jetait le »bicot » à la Seine, on s’assure maintenant qu’il ne pourra définitivement plus témoigner…
Et si après tout, ce jour d’après était bien mérité ?
Parce qu’après tout cela, quand on ne fait rien, c’est qu’on y consent, c’est qu’on aime ça même, et qu’on en redemande.
Quand ceux qui dirigent ont allumé leurs télévisions, le fameux jour d’après, et qu’ils n’y ont vu ni images de barricades dressées, ni de feux élevés, alors ils ont compris qu’ils pouvaient continuer ad nauseam.
Parce que le jour d’après n’appartient qu’à celui capable de risquer sa peau dès aujourd’hui. Nous ne méritons que de revivre ce passé que nous prétendions tellement honnir.
Camille After