Pour Guy Roux, si Benzema « s’appelait Jean-Claude, on ne parlerait pas autant de cette affaire »

L’international français Karim Benzema ne sera pas retenu pour l’Euro 2016 qui se jouera en France. Pour Guy Roux, il ne fait aucune doute que cette sanction est liée à ses origines.

Mercredi, la Fédération Française de Football et le sélectionneur de l’équipe de France ont décidé de se passer des services de la star du Real Madrid, Karim Benzema. Malgré l’expérience du joueur dans les plus grandes compétitions internationales, les hautes sphères du football français ont décidé de se passer du talentueux attaquant, actuel meilleur buteur de l’équipe de France encore en fonction.

Pour Guy Roux, ancien entraineur de l’AJ Auxerre, il ne fait aucun doute que cette décision éminemment politique est avant tout le fruit d’un racisme alimenté par des préjugés qui n’ont laissé aucune place à la préemption d’innocence comme pour n’importe quel accusé.

 « Si Benzema a été privé de l’Euro, c’est en raison de ses origines !  Il faut avoir le courage de le dire. S’il s’appelait Jean-Claude et était né à Brest, on ne parlerait pas autant de cette affaire. […] Mais son problème est de s’appeler Karim. C’est déplorable, mais c’est ainsi. Aux yeux de certains, il paie ses origines. Il faudra un siècle avant que ce genre de préjugés disparaisse ».

Les propos de l’emblématique coach de l’AJ Auxerre font échos à ceux du président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët, qui avait aussi déploré le traitement médiatique de l’affaire entre Karim Benzema et Mathieu Valbuena.

« Cette affaire est navrante, elle nous gêne mais il y a de l’affection. Parce que j’aime bien Benzema, on a l’impression que je deviens quelqu’un de malhonnête. Il faut dire quoi ? À mort l’Arabe ? Qu’est-ce que c’est que tous ces gens qui m’écrivent pour me dire ‘Benzema dehors’ ? Certainement pas. Je gère cette affaire comme je l’entends. »

« J’ai toujours été assez proche de (Benzema) parce que je connais un peu ses difficultés d’enfance, poursuit encore le président de la FFF. Peut-être que j’ai ce côté là, défendre un peu l’indéfendable, ça m’arrive. Mais je n’ai jamais vu un tel traitement (médiatique). Jamais. »

Manuel Valls en personne s’était positionné sur l’affaire en indiquant qu’il ne fallait pas que Karim Benzema participe à l’Euro 2016. Une déclaration qui avait provoqué de multiples remous notamment la réaction de l’avocat du joueur, Me Éric Dupond-Moretti, qui avait rappelé que contrairement à son client, pas encore condamné, des ministres du gouvernement avaient eux déjà été condamnés par la Justice.

« Ce n’est pas son job, a insisté Me Dupond-Moretti, d’autant qu’il y a des condamnés au gouvernement, entre parenthèses ». 

L’avocat contacté par la presse a déclaré regretter l’intervention du politique dans une affaire sportive. Pour lui, c’est Manuel Valls qui a grandement fait pencher la décision de la FFF. Le Premier Ministre ne serait pas à son premier coup d’essai.

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