Edito du 08 mars : Journée internationale des droits des femmes … Quelle hypocrisie !
Alors que la majorité des femmes dans le monde entier est ravie de célébrer la journée de la femme, celle- ci n’a pas encore saisi que le bal des hypocrites est ouvert.
En effet, beaucoup d’entre nous (femmes) pensons que l’idée d’une journée dédiée à la femme serait à l’origine d’une idée émanant de la gente féminine. Ce n’est pas faux mais ce n’est pas totalement vrai. En effet, même si cette idée est lancée par une femme en 1910, elle ne sera agrée et acceptée que parce que l’ONU composée uniquement d’hommes en 1977 décidera d’ institutionnaliser cette date.
Mais en France, ce n’est qu’ en 1982 que le gouvernement décide de mettre en place un ministère des Droits des femmes.
Alors que la majorité des femmes pense que cette journée vise à mettre à l’honneur les femmes, il s’agit en fait d’une journée internationale visant à sensibiliser à la question des inégalités hommes-femmes. Nuance.
Alors parlons en du but réel de cette journée : Depuis que cette journée a été instaurée le statut de la femme a t-il réellement évolué dans notre société ?
Beaucoup dont une majorité de femmes vous répondront oui. Et pourtant, les statistiques prouvent le contraire. En effet, l’INSEE vient de publier une série de données qui doivent nous faire réfléchir sur le sens réel de cette journée. C’est ainsi qu’apparait un paradoxe flagrant sur le territoire. Il est indéniable, selon cette étude, que les femmes réussissent mieux leurs études mais paradoxalement elles rencontrent plus de problèmes à être acceptées sur le marché du travail. On souligne même une surreprésentation des femmes chez les diplômés d’études supérieures. Les femmes subissent en effet le chômage de plein fouet et ne parlons même pas des salaires. Leur salaire est largement inférieur que celui des hommes à équivalence de niveau. Par exemple dans les grandes entreprises des grandes tours de La Défense, le nombre de femmes s’amenuisent au fur et à mesure de la montée des étages et du niveau des postes occupés … Cette étude revient également sur le fait que les femmes occupent beaucoup plus des postes précaires. Ne parlons même pas du fait qu’il faut toujours cacher une grossesse ou un éventuel désir d’avoir des enfants si l’on souhaite finir l’entretien d’embauche …
Mais ce n’est pas tout.
Cette journée de la femme dédiée selon certains à la liberté de la femme prend elle compte des libertés individuelles de chacune ? Qu’en est-il outre le fait d’être acceptée comme les hommes sur le marché du travail des droits de la femme musulmane dans notre société ? En effet, une loi promulguée en 2004 interdit à la femme musulmane de se vêtir à l’école avec un foulard. De plus, elle trouve « porte close » lorsqu’elle souhaite trouver un emploi … La femme musulmane voilée intégralement n’a plus le droit de fouler l’espace public depuis 2011. La liberté de la femme en France passe donc par le reniement de la liberté individuelle et celle de culte … Il faudrait donc ajouter à cette étude de l’INSEE, le critère religieux pour avoir des statistiques encore plus alarmantes. Le profil de femme et musulmane demeure une situation terrible à vivre en France.
Il faut souligner également que cette journée de la femme a petit à petit été récupérée par les tenants de la théorie du choc des civilisations pour justifier leurs guerres aux minorités et pays musulmans. La notion de supériorité civilisationnelle quasi-raciale reste omniprésente dans cette représentation des différences.
Le droit de la femme reste en effet lui-même une notion abstraite qui jusqu’à présent est restée victime d’un ethnocentrisme laissant percevoir ce concept selon une vision strictement occidentale et moderne du monde. Pour exemple, au nom de quels principes tangibles peut-on encore affirmer qu’une femme occidentale caissière en travail partiel précaire et en horaires décalés dans une grande surface française est plus libre qu’une femme d’un sultan milliardaire à laquelle on ne peut rien refuser au vu de son statut dans un pays d’Asie ? C’est donc la notion philosophique même de « liberté » qu’il faut reposer selon une vision multiculturelle du monde en prenant en compte des données objectives probantes pour évaluer la qualité réelle de vie de chacune et non les promesses de textes votés.
De même, il y a plus de 1400 ans des femmes se regroupaient en assemblée afin de réclamer plusieurs fois de suite une amélioration de leur condition réelle d’existence auprès d’un certain Prophète et obtenaient raison. Quel groupe féministe occidental peut-il se targuer aujourd’hui d’être en avance par rapport à ces femmes qui vivent de l’autre côté de la méditerranée ? Obtenir les mêmes droits que l’homme n’est-ce pas souvent renoncer à ses privilèges et ses protections sociales ? Le droit de la femme de se faire tuer sur les champs de bataille ou de travailler de nuit sans limitation de temps sont-ils des libertés ou des régressions sociales ? Des questions qui viennent relativisées bien des certitudes.
Force est donc de constater que la célébration de cette journée crée par des hommes pour les hommes afin de faire oublier les vraies revendications des femmes demeure bel et bien une journée d’hypocrisie.
Louisa Badinterminus