Le Conseil de l’Europe vient de tirer la sonnette d’alarme devant « les pratiques de profilage ethnique » et les dérives de l’état d’urgence. Le commissaire aux droits de l’Homme juge la situation dangereuse pour la démocratie.
Depuis les attentats de Paris, la France vit en « état d’urgence ». Si pour la majorité des citoyens, leur vie ne change pas, pour la minorité musulmane elle signifie mesures d’exception et perquisitions.
Le commissaire aux droits de l’Homme, Nils Muiznieks, s’est dit inquiet pour la démocratie en France suite à la mise en place de l’état d’urgence et la disproportion entre les mesures répressives et les résultats.
« Nous regardons de très près ce qui se passe » en France, car « il y a un risque que le système de contrôle démocratique soit sapé par ces mesures », a déclaré Nils Muiznieks sur France Culture.
Le commissaire aux droits de l’Homme va plus loin et accuse la France de mettre en place un profilage ethnique de la part des forces de répression. Barbu, voilée, pantalon au-dessus des chevilles, militant associatif musulman ou encore jellaba, les victimes de l’état d’urgence sont bien identifiés. La mise en place de numéros spéciaux permettant la délation selon des critères physiques qui renvoient à n’importe quel musulman, laisse place aux amalgames et aux préjugés islamophobes.
« Nous assistons à certaines dérives, il y a des pratiques de profilage ethnique de la part des agents de police, des forces de répression », a dénoncé le spécialiste européen.
Enfin, le commissaire aux droits de l’Homme pointe du doigt une disproportion des moyens employés par les forces de police et le peu de résultats obtenus, indiquant que « seule une poignée d’entre elles auraient donné lieu à des procédures liées à des actes terroristes » ce qui pose « la question de la nécessité de ces mesures ». Sur 3300 perquisitions seulement une personne a été mise en examen pour terrorisme.
A l’heure actuelle, la minorité musulmane française subit de plein fouet la répression post-attentats du 13 novembre. Une répression qui ne s’arrête pas aux simples réseaux jihadistes habituelles puisque même des restaurants halal, des associations et militants politiques musulmans ont été perquisitionnés. Une démonstration de force de la part des autorités qui profitent des mesures d’exception pour fouiller dans la vie personnelle des militants sans qu’un juge ne l’autorise.
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