Depuis l’aïd, plusieurs sites d’informations ainsi que des chaines de télévision ont diffusé une fausse information visant la Turquie et sa relation avec la Syrie. Selon ces organes de presse, souvent aux mains de l’opposition, le président turc Recep Erdogan soutiendrait désormais le maintien de Bachar-Al-Assad au pouvoir pour une période de transition en Syrie afin de combattre les deux groupes classés terroristes en guerre contre la Turquie, à savoir l’EI et le PKK.
Certains journalistes sont même allés plus loin en indiquant que le président Erdogan se rendrait prochainement à Damas pour une visite politique avec Al-Assad. Cependant, la vérité est bien différente, puisque les dernières déclarations de Tayyip Erdogan confirment le maintien de la position turque qui accuse notamment le régime de Bachar de vouloir construire un état alaouite.
« Bachar Al-Assad cherche à constituer une petite Syrie de Damas à Lattaquié, en passant par Hama et Homs, soit une zone représentant 15% de la superficie de la Syrie », a déclaré le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ce jeudi 24 septembre 2015.
« Al-Assad veut fonder un Etat propre à lui, contrôlé et appuyé par des forces politiques particulières. Cette zone possède une ouverture sur la Méditerranée », a expliqué Erdogan durant le même discours après avoir accompli la prière de l’Aid al-Adha à Istanbul.
Même bien avant le Aid, le discours d’Erdogan n’avait pas connu de changement radical comme certains médias de l’opposition turque le prétendent… Durant son entretien avec le président russe Vladimir Poutine, à Moscou, ce mercredi, Erdogan n’a pas hésité à dénoncer l’implication iranienne et russe dans le conflit syrien et leur soutien au régime tyran :
« L’appui russe et iranien au régime syrien n’est plus un secret et ces deux pays affichent cet appui publiquement ».
Ce vendredi, et suite à une déclaration à l’agence turc « Anadolu », Erdogan a clarifié son discours en réfutant toute ambiguïté sur la vision de la Turquie face au futur du régime syrien.
« Si al-Assad a la moindre once d’amour pour la Syrie et pour son peuple, il doit quitter le pouvoir. Il n’y a pas de changement dans notre position sur la Syrie. Elle est la même que celle défendue quand j’étais Premier ministre. La politique à l’égard de Daesh notamment, et des autres organisations sont visibles par tous. L’action du régime [syrien] est connue de tous. »
Et concernant les deux groupes armés qui s’affrontent en Syrie, E.I et PKK, Erdogan a réaffirmé la position de son pays vis à vis du « dossier du terrorisme en Syrie » sans forcément s’allier avec le régime en place, justifiant ainsi l’intervention aérienne de la Turquie contre ces deux groupes en Syrie :
« Nous partageons 911 km de frontières. Ni Assad, ni le monde ne doivent oublier cela. Nous sommes sous la menace d’organisations terroristes qui y sont installées. Nous pouvons tolérer cela jusqu’à un certain point, mais notre tolérance à aussi ses limites. »
Pour certains analystes de la scène politique turque, les rumeurs d’un changement de politique vis-à-vis de la Syrie sont alimentées par des médias de l’opposition. Ces derniers n’ont pas hésité à évoquer « un changement de politique radical » sans apporter aucune preuve. Une vaine tentative de déstabilisation dans un pays où les réfugiés syriens opposés au régime alaouite se comptent par millions.
Anas Anzar (@AnzarArt)
Activiste musulman et graphiste