Alain Juppé, maire de Bordeaux et candidat aux primaires des Républicains pour la présidentielle de 2017, est revenu sur le rejet de l’Islam en Occident dans un interview au journal Le Monde. Il s’est déclaré « préoccupé par le rejet de l’islam ».
A l’occasion de la sortie de son livre « Mes chemins pour l’école » (JC Lattès, 306 pages, 12 euros), Alain Juppé a souhaité expliquer ses différences avec Nicolas Sarkozy, notamment sa « modération » quant aux sujets touchant l’Islam et l’immigration.
« Je suis un homme de droite non sectaire qui veut éviter les clivages inutiles, les polémiques qui s’embrasent et créent beaucoup de dégâts dans un flot d’informations en continu. Je veux me consacrer à l’essentiel et rechercher ce qui rassemble plutôt que ce qui divise ».
Un tacle discret mais important aux députés « Les Républicains » proches de Nicolas Sarkozy qui constamment profitent de l’actualité pour stigmatiser la Communauté musulmane. Les récentes déclarations d’Eric Ciotti ou de Christian Estrosi sur les réseaux sociaux appelant à la création d’un Guantanamo ou à la reconnaissance d’une « Vème colonne » en France suivent une ligne politique claire visant à créer la peur et la haine chez les français.
De son côté, Alain Juppé conscient de la montée de l’islamophobie en Occident a indiqué vouloir « lutter pied à pied » contre ce nouveau phénomène. Pour autant il insiste pour indiquer que les musulmans n’ont pas assez dénoncé le djihadisme.
« Je veux simplement éviter les amalgames car je suis préoccupé par la globalisation du rejet de l’islam. Il faut lutter pied à pied. Et je l’ai souvent dit à nos amis musulmans : ils doivent monter au créneau, dire que le djihadisme n’est pas leur religion, que l’islam, ce n’est pas la mort. Certains le disent mais pas assez ».
Si d’un côté l’ex-Premier Ministre semble vouloir « éviter les amalgames », en poussant les musulmans à se dédouaner des récents événements, il fait à son tour un raccourci et généralise 8 à 10 millions de musulmans à 3 ou 4 personnes qui ont tenté ou réaliser des attentats en France. N’est pas plutôt aux médias et aux politiques de revoir leur façon de réagir face à l’actualité ? De rappeler aux français l’importance de ne pas amalgamer une communauté tout entière qui d’ailleurs n’est même pas reconnue en tant que telle sauf lorsqu’il s’agit de terrorisme.
Alain Juppé est le candidat le plus modéré chez « Les Républicains » mais il reste cet homme politique froid de la vieille école qui n’a pas pris le temps de découvrir le nouveau visage multicolore de la France. Lui même avait indiqué ne pas avoir lu le Coran et méconnaître l’islam lors d’un passage sur le plateau du Grand Journal face à l’intégriste laïc Michel Onfray.
En résumé, il reste moins de deux ans à Alain Juppé pour faire ce travail de connaissance des musulmans et de l’Islam. Un président français en 2015 se doit de connaître sa population et même les minorités, surtout lorsqu’elles peuvent atteindre 10 millions de personnes soit au moins 1/6 de la population.