Musulman et barbu, il est licencié de son poste à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle

Un père de famille musulman travaillant depuis 15 ans à l’aéroport Charles De Gaulle vient de perdre son badge de sécurité lui permettant de continuer à travailler. Une décision prise directement par la Préfecture de Seine St-Denis.

Ali (le nom est modifié, NDLR) travaille depuis l’année 2000 à l’aéroport Charles de Gaulle. A cette époque pré-11 Septembre 2001, les musulmans pouvaient travailler comme toutes les autres français au sein des aéroports. Mais depuis les attentats de New-York, les choses ont changé.

Ali est un employé sérieux. Depuis 15 ans au sein de son entreprise, il a évolué jusqu’à devenir « agent de trafic » (statut cadre). En août 2014, Ali fait une demande de renouvellement de badge (obligatoire tous les deux ans) afin de pouvoir continuer à travailler. Le 31 octobre, le badge que possède Ali n’est plus valide et le nouveau ne lui a toujours pas été remis. Une situation inédite qui empêche désormais cet employé modèle de travailler. Sa femme a décidé de témoigner via la page Facebook « Plus Jamais ça » pour que la Communauté sache ce que vit actuellement cette famille et plein d’autres qui connaissent le même problème.

« Mon mari s’est déplacé à plusieurs reprises afin d’avoir du nouveau et de comprendre pourquoi son badge était toujours en attente et surtout sur l’urgence car les charges familiales qui lui incombent (loyer, ect…) continuent elles à être prélevées.

Il a été reçu par le secrétaire du Préfet qui lui a posé plein de questions, notamment sur des choses qui datent de quand il était mineur donc de bien avant qu’il travaille à l’aéroport. Ce sont des bêtises de jeunesse, sans gravité.

Il a demandé à mon mari s’il le filmait avec son téléphone qu’il avait en poche. Donc mon époux a dû lui montrer son téléphone pour lui prouver que ce n’était pas le cas.

Mes deux beaux-frères ont également été reçus mais eux ont été accueillis par un psy, le secrétaire et un membre de la police (DCRI).

Ils ont eu le droit à un véritable interrogatoire, avec des questions telles que :

– Pourquoi vous portez la barbe?
– Est-ce une obligation pour vous?
– Êtes-vous des tabligh?
– Quels sont les savant que vous suivez? Etc…

Ils leur ont répondu et ont conclu par le fait qu’ils n’avaient rien à se reprocher et qu’ils n’étaient pas contre une enquête. Depuis, aucune nouvelle.

Ils se sentent impuissants et face à une terrible injustice. Toutes ces années, ils ont travaillé avec respect et étaient des employés irréprochables pour finalement être condamnés comme des criminels. Surtout que nous même condamnons ces actes ignobles. Le moral de mon mari est au plus bas, il ne dort plus. »

Début Mars 2015, la famille a reçu un courrier de la préfecture de la Seine St-Denis indiquant que l’habilitation d’Ali à travailler au sein de l’aéroport Roissy Charles De Gaulle lui était retirée.

« Mr X ne remplit pas les conditions nécessaires pour continuer à bénéficier d’une habilitation en zone de sûreté à accès réglementé des plates formes aéroportuaires » peut-on lire sur la lettre signée du Préfet délégué pour la sécurité et la sûreté des plates-formes aéroportuaires de Roissy Charles de Gaulle.

La préfecture a expliqué sa décision par des « informations communiquées par les services de police spécialisés » indiquant que « l’employé de la société X représente un risque à atteinte à la sécurité intérieure et à la sûreté de l’État ».

La famille est sous le choc. Pour cette dernière, il est certain que le seul « tord » de ces trois employés visés par ces mesures discriminatoires est qu’ils sont « musulmans et barbus même s’ils (les services de la préfecture) ne le disent pas ». 

Preuves des faits indiqués dans ce témoignage :

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