La situation des musulmans de France ne laisse place à aucun doute. La tuerie de Charlie Hebdo n’a fait qu’accélérer dix ans de stigmatisation constante à l’encontre d’une population musulmane pourtant respectueuse des lois et des principes de la République.
Dorénavant, il est question pour le gouvernement français de « combattre le discours des Frères Musulmans et les groupes salafistes dans les quartiers par la loi, par la police, par les services de renseignement ». Des propos extrêmement lourds de sens lorsque l’on sait l’importance de ces deux « mouvances » au sein des mosquées ou encore de la jeunesse musulmane en France.
Faut-il rappeler au Premier Ministre que la diplomatie française a soutenu l’UOIF (proche des Frères Musulmans) lorsque cette dernière était placée sur la liste terroriste des Émirats Arabes Unis ? Que cette organisation fait partie intégrante du paysage français puisqu’elle est une composante du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) créé par Nicolas Sarkozy. Doit-on dorénavant croire que le CFCM est une organisation dangereuse pour la France ?
La diplomatie française qui graisse la patte des monarques saoudiens pour leur pétrole souhaitent combattre le salafisme que l’Arabie Saoudite propage grâce à ses milliards ? Un non-sens.
Est-ce que Manuel Valls va placer un « flic » derrière chaque musulman pour savoir quel « minhaj » / « madhab » il suit ? Malgré les efforts de certains cercles d’influence, l’imposition de diverses figures religieuses ou communautaires n’a jamais fonctionné. L’Islam n’ayant pas de clergé, il est impossible d’imposer une « voix » à 10 millions de musulmans en France.
Le discours de Manuel Valls se révèle purement anti-laïc. La loi de 1905 a instauré la séparation des Églises et de l’État pourtant le Premier Ministre s’ingère à nouveau dans les affaires des musulmans. La Communauté n’a pas à questionner l’Etat français afin de savoir comment pratiquer son culte.
De même, le premier ministre dit combattre les djihadistes mais pas que puisqu’il explique vouloir lutter contre le « radicalisme » et le « conservatisme ». Des termes dont les contours sont extrêmement flous et qui laissent déjà apercevoir les dérives futures.
En 2015, un musulman peut-il être conservateur ? Demande-t-on aux autres communautés d’être « progressistes » ? La Communauté peut-elle encore décidée par elle-même sans être taxée d’extrémiste ?
Finalement, Manuel Valls chercherait à démontrer que les normes et les valeurs des musulmans qui ne siéent pas avec les siennes seraient hors-la-loi, contraires à la République. Or, chacun est libre de manger, de s’habiller ou encore vivre en règle générale sa religion, en respectant la loi française, comme il le souhaite. L’inverse serait imposer une dictature dans laquelle tout le monde devrait consommer à l’identique. Cette imposition de langage dangereuse est avancée par les « Islamologues de France » dans un dossier particulièrement pertinent intitulé « L’acculturation des musulmans de France – La dernière conquête coloniale » où ils mettent en lumière ce procédé également utilisé par les nazis désireux en premier lieu d’acculturer les juifs et les tziganes. La suite est connue de tous…