Ayman, 9 ans, convoqué par la gendarmerie pour apologie du terrorisme, le papa témoigne
La dérive islamophobe au relent Vichyste, sous prétexte de lutte contre la radicalisation, continue à faire des victimes innocentes parmi la Communauté musulmane.
Quelques semaines après la tuerie de Charlie Hebdo et les propos de Najat Vallaud-Belkacem, appelant à dénoncer les élèves qui n’appliquaient pas strictement la minute de silence, des dénonciations aux faciès » musulmans « ont fait leurs premières victimes. Désormais la boîte de pandore est bien ouverte donnant cours à tous les excès et toutes les stigmatisations.
C’est bien une nouvelle inquisition anti-musulmane sponsorisée par les Ministères de l’Éducation Nationale et de l’Intérieur qui se déroule sous nos yeux.
Affiches stigmatisantes contre l’habitus islamique nourrissant les amalgames, dénonciations calomnieuses sur un numéro vert … Ces dernières semaines nous rappellent les heures les plus sombres de notre histoire. Un mélange de l’époque vichyste avec celle de l’inquisition …
Cette après-midi, Islam&Info a été contacté par un père de famille de Villers-Cotterêts.
Son fils qui vient tout juste d’avoir 9 ans a été convoqué par la gendarmerie suite à une dénonciation calomnieuse selon laquelle il aurait crié :
» Allahou akbar ! Vive le Coran « , pendant la minute de silence consacrée à la tuerie de Charlie Hebdo.
L’enfant entouré de plusieurs gendarmes a donc dû répondre à la » questionnette » tel un bandit ou un hérétique pourchassé …
Un scandale pour le papa, un traumatisme pour cet enfant sérieux et bien éduqué qui vient de découvrir que parce que musulman, il pouvait être accusé faussement, sans aucune preuve, par simple dénonciation anonyme, d’apologie du terrorisme.
Suite à cette convocation honteuse, le père d’ Ayman a décidé de porter plainte pour diffamation. Le procureur de Soissons, Jean-Baptiste Bladier, confirme les propos du papa.
« On est dans une cantine municipale qui accueille plusieurs écoles, pendant la minute de silence il n’y a aucun témoin qui entend ce garçon de 9 ans dire » Allah akbar, vive le Coran « , a raconté le procureur. Les soupçons pesant sur l’enfant « sont sur le plan de la matérialité des faits totalement infondés »
Selon le procureur, c’est un enfant qui a indiqué à l’une des employées de la cantine, qui n’est autre que sa mère, qu’ Ayman n’avait pas respecté la minute de silence … Dans la foulée, un signalement est rédigé et la brigade de gendarmerie est alertée.
Les appels à la dénonciation au faciès arabo-musulman venus des plus hautes sphères de l’État, la montée de l’islamophobie a, peut-être involontairement, été encouragée engendrant peur et haine.
Islam&Info vous propose de découvrir les dessous de cette affaire scandaleuse. Le papa de la victime, Ayman 9 ans, nous ayant transmis directement tous les détails de l’affaire.
Retour sur les faits :
Après 1 heure d’audition, le gendarme lui a fait signer sa déposition ainsi qu’à moi même, étant le représentant légal.
Il a ensuite voulu poursuivre avec mon audition mais je devais chercher un autre enfant à la maternelle à 16h30. Le gendarme m’a autorisé à revenir à 17h30 pour mon audition.
Lors de mon audition j’ai indiqué avoir toute confiance en mon fils et en ses déclarations. Je me suis senti obligé de justifier le pourquoi de notre croyance et son comment … J’ai indiqué clairement avoir été blessé, outré et choqué par cette convocation.
J’ai demandé à ce que toute la vérité soit faite sur cette affaire et sur les dysfonctionnements qui ont pu conduire à l’audition d’un enfant de 9 Ans pendant ses cours en gendarmerie.
A la suite de cela j’ai mené mon enquête via d’autres enfants présents et surtout j’ai rencontré le directeur de l’école de mon fils (Léo Lagrange à Villers-cotterets).
Il m’a indiqué que mon enfant n’avait causé aucune perturbation et qu’au contraire il avait participé activement aux travaux éducatifs qui ont suivi les assassinats. Il m’a indiqué être informé de l’affaire concernant mon fils et que lui-même allait être entendu le mardi suivant. Il nous a appris que c’était le service de cantine scolaire qui était à l’origine de cette affaire. Il nous a également indiqué ne pas cautionner le fonctionnement même du service de cantine et particulièrement son encadrement. Il avait d’ailleurs eu une réunion récemment avec l’ensemble des personnels éducatif de l’école au sujet de l’encadrement du service scolaire … Il est ressorti entre autre de cette réunion, que certains enfants étaient victimes d’acharnement et harcèlement de la part de certains membres du personnel de cette cantine …
A la suite de ces investigations et prises de renseignements, certain de l’innocence de mon fils, je me suis rendu à la gendarmerie de Villers-cotterets le 23 janvier pour déposer une plainte pour faux témoignage.
Ma plainte a été enregistrée par un nouveau gendarme. Le gendarme nous ayant entendu la première fois ayant trop de travail …
Le gendarme qui a pris ma plainte m’a indiqué la qualifier en dénonciation calomnieuse. Il ne m’a donné aucune information sur l’affaire en cours et les dysfonctionnements qui ont conduit à l’audition de mon enfant.
Nous retrouvant dans une situation où les amalgames et insultes à caractère raciale se multiplient, j’ai également demandé au gendarme des renseignements sur ces propos racistes et j’ai explicité le cas de mes enfants.
Comment se fait-il que ma fille qui a déjà été insultée de » sale arabe » ou autre propos racistes qu’elle a signalé immédiatement aux encadrants ( scolaire, cantine et NAP) à au moins 2 reprises depuis septembre 2014 ou mon fils qui a reçu le même type d’insultes et qui a signalé lui aussi à au moins 6 reprises sans que tout cela n’entraine aucune suite ?
Je lui ai demandé si ces propos racistes étaient bien condamnables d’après la loi et pourquoi ces insultes racistes n’ont fait l’objet d’aucun traitement alors qu’elles ont bien été signalées. Je n’ai pas vraiment eu de réponse …
En conclusion, je me demande comment justice va pouvoir être rendue à mon fils et notre famille?
Alors que dans mon enfance il était inenvisageable d’entendre des insultes racistes dans une cours d’école, je dois préparer mes enfants à entendre ce type d’insultes régulièrement (nos enfants sont scolarisés dans une ville FN).
Je suppose que mes enfants ne sont pas les seuls à être confrontés à cette fracture. Pour ma part j’ai du attendre 17 ans pour qu’un agent de police me gifle parce qu’il ne croyait pas que je m’appelais Eric ( trop basané pour lui ) … et comprendre que pour certains je n’étais pas un français comme les autres.
Mon fils de 9 ans l’a déjà compris malheureusement …