Algérie : Belkhadem humilié limogé par Bouteflika … || EDITO ||
Par décret le président Abdelaziz Bouteflika a démis officiellement Abdelhaziz Belkhadem de tous ses postes officiels occupés au sein de l’État. Plus encore l’ex-ministre, conseiller spécial du président, pourrait désormais être exclu totalement de son parti le FLN.
On pourrait résumer la situation ainsi :
Belkhadem a été littéralement rayé des charges publiques et fonctions politiques officielles algériennes par le président.
Au vu de l’État de santé de Bouteflika, on peut se demander si cette décision émane du clan de l’État Major de Gaid Salah à qui le clan Bouteflika sert de paravent ou si c’est plutôt la puissante sécurité militaire qui a mis fin à une carrière d’un personnage très utile mais très controversé.
En effet, Abdelaziz Belkhadem a toujours été « conservé » par le système algérien jusqu’alors comme dernière courroie de transmission entre les décideurs, l’ex-parti unique FLN et les « islamistes ».
Rappelons que pendant les années FIS, Belkhadem s’était prononcé pour un gouvernement d’union nationale incluant les islamiens de tous bords. Il s’opposa d’ailleurs à l’arrêt du processus électoral qui avait vu le FIS remporter les élections. Et c’est quand il fut premier ministre que la Concorde Nationale fut mise en place mettant un frein sérieux aux violences et cela contre l’avis des « éradicateurs ».
Son poste de premier ministre lui fut vraisemblablement retiré suite à une de ses déclarations dans laquelle il affirma que la constitution algérienne n’était qu’organisationnelle et que :
» le Coran demeurait la source suprême » au dessus de toutes les autres.
Sa volonté de réhabiliter une partie du FIS fut également pour beaucoup dans son éviction. Ouyahia, l’homme des éradicateurs, put alors le remplacer pour la politique que l’on connait.
Depuis Belkhadem ne cachait pas sa volonté d’incarner dans l’ombre le successeur de Bouteflika en homme de réconciliation entre les partis historiques du FLN, du FFS et du FIS et les hommes politiques d’influence.
Apparemment ce qui lui a valu cette soudaine déchéance totale est qu’il a réussi sans le savoir à se mettre à dos toutes les composantes du pouvoir.
Vouloir adhérer à la réalité algérienne n’est pas adhérer au pouvoir réel algérien.
En demandant une alternance et en n’adhérant pas au » 4ème mandat présidentiel « , il s’est coupé du clan Bouteflika qui s’accroche à ce dernier bout de pouvoir avant un éventuel exil …
En coopérant avec les partis d’oppositions dans de récentes conférences, il a fait réapparaitre chez certains le spectre de Sant Egidio, d’une Algérie gérée par un gouvernement d’union nationale regroupant nationalistes, berbéristes, et islamiens. Le cœur de la sécurité militaire craint plus que tout ce scénario qu’elle s’est évertuée à écarter depuis l’indépendance …
Pour finir, en critiquant l’inaction des pays arabes pour Gaza et en s’en prenant au gouvernement Sissi, Belkhadem s’est mis en porte à faux avec un État major très sensible aux plans de lutte anti-islamiste en Libye et au Sahel menés de concert par l’Égypte et les pays du Golfe sous supervision américaine, pour ne pas dire la CIA …
A l’heure où le FIS semble se réorganiser sur le terrain, cette décision n’est pas anodine.
Les décideurs quels qu’ils soient ont bien signifié que, non seulement ils n’accepteraient pas d’islamiens aux commandes du pouvoir ce que l’on savait, mais qu’ils n’acceptaient plus même de » conciliateurs « .