La commémoration du 10 mai de l’abolition de l’esclavage a permis à la République de montrer à ses nouveaux indigènes à quel point la Civilisation était toujours du bon côté.
En effet, en abordant la traite négrière sous le prisme de l’abolition le système ne fait que dans l’autosatisfaction en disant aux gens de couleurs qui souffrent encore :
« De quoi vous plaignez vous, nous avons été les premiers et à ce titre vous nous devez tout ! Ne soyez pas ingrats. »
C’est sans doute cette mentalité néocolonialiste et occidentalo-raciste qui a poussé le Collectif Contre la Négrophobie à vouloir dénoncer cette hypocrisie.
Mais comme les années précédentes, le Collectif a été empêché par des mesures de police arbitraire d’être présent, ne serait ce qu’aux abords de cette commémoration de la bienveillance éternelle du colon.
On ne peut que mettre en rapport cette situation avec les interdictions systématiques faites aux musulmans lors de demandes d’autorisation à la préfecture pour manifester contre l’islamophobie. En effet, à l’heure où pas un jour ne passe sans qu’un Zemmour ou un Finkielkraut ne viennent insulter le noir, l’arabe, le musulman, c’est l’homme blessé qu’on vient menotter …
Imaginez un instant que pour toute reconnaissance de l’oppression faites aux juifs par la République on ne célèbrerait que l’honteux décret Crémieux …
L’État fait ainsi le choix d’institutionnaliser une politique qui veut que toute contestation musulmane soit muselée alors que dans le même temps la LDJ ou encore les milices identitaires paradent dans le métro. Le nègre des champs n’est pas exempt non plus de ce 2 poids 2 mesures permanent.
Ainsi depuis plus de 10 ans maintenant les élites françaises ont choisi à travers leur classe médiatico-politique de faire connaître leur mépris et leur dénis de droits aux musulmans et autres non domestiqués. Cette position s’est traduite par des lois et un climat délétère qui a soumis de facto toute une partie de la population à la stigmatisation systématique. Aux soeurs en hijab et en niqab les agressions et aux frères les menottes …
Nous l’avons déjà montrer et le montrerons encore cette situation ne peut plus durer. Notre jeunesse ne laissera plus sa souffrance se faire piétiner sans se soulever contre la tyrannie.
Nous ne pouvons donc qu’exprimer notre profonde solidarité avec le Collectif Contre la Négrophobie et nous sommes sûrs que demain nous nous retrouverons sur les pavés pour faire trembler l’impérialisme occidentaliste.
Car nos expériences font de nous des hommes … Ces hommes décrits par Frantz Fanon :
» Le colonisé, donc, découvre que sa vie, sa respiration, les battements de son coeur sont les mêmes que ceux du colon. Il découvre qu’une peau de colon ne vaut pas plus qu’une peau d’indigène. C’est dire que cette découverte introduit une secousse essentielle dans le monde. Toute l’assurance nouvelle et révolutionnaire du colonisé en découle. Si, en effet, ma vie a le même poids que celle du colon, son regard ne me foudroie plus, ne m’immobilise plus, sa voix ne me pétrifie plus. Je ne me trouble plus en sa présence. Pratiquement, je l’emmerde. Non seulement se présence ne me gêne plus, mais déjà je suis en train de lui préparer de telles embuscades qu’il n’aura bientôt d’autre issue que la fuite. »