Le samedi 15 mars 2014, le comité parisien de la campagne pour l’Abrogation des Lois Islamophobes (A.L.I.) a organisé un rassemblement à Belleville, un quartier populaire historique de la communauté musulmane en France. Notre objectif était de revendiquer l’abrogation de toutes les lois et mesures islamophobes prises par l’État français depuis le vote de la loi inaugurale du 15 mars 2004, qui interdit le hijab à l’école.
Dans les jours qui ont précédé le rassemblement, notre campagne a dû faire face à une véritable opération de dénigrement de la part de la gauche paternaliste et de ses allié-e-s, qui s’est exprimée notamment via les réseaux sociaux. Les membres de la campagne ont été accusés pêle-mêle de « racisme anti-blanc », de « sexisme », de « communautarisme », de « conservatisme »…
Toutes ces accusations ont heureusement été lancées par des anti-racistes chevronné-e-s, car on aurait pu croire que de tels arguments émanaient d’Alain Finkielkraut, de Caroline Fourest ou de Riposte laïque.
Nous savons bien que de telles accusations sont lancées non pour ouvrir un quelconque débat, mais bien pour tenter de décrédibiliser notre engagement. C’est pourquoi nous ne souhaitons pas répondre sur le « fond » aux chiens qui veulent nous mordre. Si la gauche paternaliste est prête à toutes les diffamations possibles et imaginables pour préserver tant bien que mal son « espace vital », cela ne nous concerne en rien.
Mais les réactions quasi hystériques de cette gauche montrent à quel point l’autonomie et l’auto-organisation des musulman-e-s leur posent problème.
En dépit de ces attaques, le premier rassemblement public de la campagne A.L.I. sur Paris fut une réussite. Près d’une centaine de participants ont repris en cœur et avec enthousiasme les slogans dénonçant les lois et mesures islamophobes, l’islamophobie en général, et qui appelaient à la résistance des musulman-e-s victimes de ce racisme.
Une ambiance chaleureuse nous a permis de renforcer les liens fraternels nous unissant à l’ensemble des membres de notre communauté.
Différentes prises de parole ont permis de présenter et de préciser les positions de la campagne A.L.I. sur différentes thématiques. L’histoire des luttes de libération des peuples musulmans contre l’impérialisme occidental a ainsi été évoquée, de même que l’importance de la lutte du peuple palestinien contre la colonisation sioniste. La campagne A.L.I. s’inscrit dans l’histoire de ces luttes et souhaite apporter sa contribution aux combats actuels des peuples musulmans.
Dans la continuité de cette histoire coloniale, des membres de la campagne ALI qui vivent et militent à Bagnolet en Seine-Saint-Denis, ont relaté et dénoncé les pratiques néocoloniales de la gauche dans leur ville.
La question du féminisme et de la lutte contre l’islamophobie a également été posée, afin de montrer que la lutte contre l’islamophobie ne concerne pas uniquement les femmes musulman-e-s, mais bien l’ensemble de notre communauté.
Enfin, les questions fondamentales, à nos yeux, de l’autonomie politique et culturelle de la communauté musulmane, et l’importance du référentiel islamique dans la construction de cette autonomie, ont été exposées. Comment pouvons-nous, en effet, nous proclamer autonomes si nous ne possédons pas nos propres références ?
Évidemment, ce rassemblement n’était pas une fin en soi pour la campagne ALI. Avant tout, il s’agissait d’exprimer notre refus d’une législation raciste. Seule la résistance peut permettre la victoire, et ce rassemblement était assurément un acte de résistance. Il marque une étape dans la construction patiente mais résolue de notre campagne. Cela, afin de rassembler la communauté musulmane vivant en France dans sa diversité, sur la revendication fondamentale d’abrogation de toutes les lois et mesures islamophobes. Seule notre unité permettra nos victoires futures.
« Certes après la difficulté vient la facilité, après la difficulté vient la facilité ». (Coran 94 : 6-7)
Campagne pour l’Abrogation des Lois Islamophobes (A.L.I.) – Paris
17 mars 2014 – 15 Joumada al-Awwal 1435