Ce week-end était célébrée la « journée de la femme », beaucoup sont celles qui se font encore duper par la notion tant polémique de féminisme. On aurait pu penser que la religion musulmane échappe à cette logique émancipatrice en raison de sa nature finie, complète, parachevée, or, il n’en est rien. Des femmes du monde entier se sont levées afin de défendre le féminisme islamique ou féminisme musulman.
Une naissance en terres musulmanes
De prime abord, cette notion peut être utile dans des pays musulmans où les droits des femmes ne sont pas respectées tels qu’ils devraient l’être par la Shari’a. Les femmes ont pris possession du terrain religieux dans le but de faire valoir des droits qui leur sont entièrement légitimes.
Des écoles voire des universités et des assises religieuses spécialement dédiées à la femme musulmane se sont développées en Egypte, en Arabie Saoudite, en Iran, au Maroc,… L’émulation autour du savoir ne peut qu’être perçue de manière positive. Les premières « féministes islamiques » avaient pour objectif de défendre le droit des femmes à la lumière des textes religieux en cherchant à se prémunir d’un machisme inadéquat avec l’islam.
En revanche, cette mise à plat des textes religieux, à savoir le Coran et la Sunna, par certaines femmes bien intentionnées ne souhaitant pas outrepasser les limites imposées par leur Créateur a donné lieu à des débordements et des exagérations. En effet, le mouvement a rapidement tenté de démontrer que les femmes sont les égales de l’homme sur tous les niveaux.
Incompatibilité du mouvement dans les pays non musulmans
Dans un premier temps, la France et les pays européens n’offrent pas les mêmes perspectives aux femmes que dans les pays musulmans. Les lois françaises sur les questions familiales, économiques ou encore du droit du travail fonctionnent différemment de la sharia par conséquent parler de féminisme islamique dans une terre qui n’a pas pour but d’appliquer scrupuleusement les textes islamiques est un glissement anatopique perturbant les principes fondateurs du mouvement le rendant inéluctablement inapproprié et vidé de sa substance religieuse positive initiale.
Parmi les nombreux reproches qui ont été formulés à l’encontre du féminisme islamique, la problématique du vocable employé. Les deux termes ainsi juxtaposés sont des oxymores irréconciliables. Il n’est pas question ici de circonscrire les mouvements de libération des femmes et de lutte pour les droits des femmes à l’Occident. L’Orient, nous en reparlerons dans un paragraphe suivant, a vu lui aussi ses femmes se dresser contre des injustices et pour l’acquisition de droits. La focalisation se porte exclusivement sur le terme de féminisme.
Le féminisme vise avant tout à faire sortir les femmes de leur foyer
L’univers et les personnalités de ce courant ne peuvent être évincés. Tout d’abord, le féminisme s’attache à émanciper les femmes de leur foyer et à remanier les institutions étatiques de sorte qu’hommes et femmes soient égaux devant la loi. S’en suivent des revendications inscrites dans le domaine de l’intime et du privée comme le droit à la contraception et à l’avortement. Le chamboulement de la deuxième vague du féminisme réside dans la prise de conscience des femmes que la sphère privée est le lieu privilégié de la domination masculine. « Le privé est politique », célèbre slogan. La notion de « genre » fait son apparition, le ton est donné, il faut déconstruire les rapports de sexe, les stéréotypes de sexe. A l’heure actuelle, on ne le sait que trop bien, l’héritière de ce courant, la « théorie du genre » fait grand bruit à l’école…
Le féminisme fait référence à divers concepts dont il ne peut être séparé. Or, l’islam se situe en opposition intrinsèque avec les valeurs défendues par les femmes occidentales féministes du XXième et XXIième siècles. En son sein, ce mouvement implique la volonté de faire sortir les femmes de leur foyer et de bouleverser les rôles socialement établis par une dichotomie de sexe.
Pourtant, cette négation d’un féminisme musulman en France n’enlève en rien la reconnaissance de mouvements majeurs luttant contre les injustices faites aux femmes en Orient. L’exemple le plus poignant est l’abolition de la torture des pieds bandés en Chine. Nombreuses sont les femmes chinoises à s’être érigées contre cette pratique réalisée sur les fillettes pour que le pied soit le plus petit possible. Aussi, des femmes célèbres ont dénoncé le manque de place de la femme en Chine, pour ne citer qu’elles, Qiu Jin et Xiang Jingyu ont voulu réinvestir la sphère politique. Qiu Jin sera décapitée par le gouvernement et Xiang Jingyu sera la première femme élue au Comité central du parti communiste chinois.
Ce petit détour spatial oriental nous aura permis de se rendre compte que les femmes ont lutté pour leurs droits et contre des injustices indépendamment du lieu et de l’époque. Le féminisme islamique s’apparenterait à une troisième vague du féminisme donnant la parole cette fois à des femmes issues de minorités à l’instar du black feminism. Il prône la reconnaissance des droits des femmes musulmanes et tentent coûte que coûte de faire émerger une compatibilité entre islam et émancipation de la femme.
Pourtant, l’islam suffit amplement. La recherche orientée vers la libération de la femme est en elle-même contre-islamique. Quel niveau de sciences islamiques ces femmes détiennent-elles pour élaborer elles-mêmes leurs théories ? Un doctorat à l’EHESS est loin d’être suffisant…
Les féministes islamiques rejetées de partout
De même, les féministes « occidentales » rejettent ces femmes musulmanes qui se revendiquent de la mouvance féministe. Pourquoi insister ? Pourquoi rechercher une accréditation de la part de personnalités luttant pour des causes en opposition claire avec les finalités de la femme musulmane ? Le féminisme à l’heure actuelle ne peut se défaire de son aspect laïc et de sa volonté de sécularisation. Pléthore de féministes voient dans les religions un système patriarcal et archaïque, soit un paradigme à abattre.
Toutefois, il n’est pas question de jeter l’anathème sur le combat des femmes se proclamant « féministes islamiques » car nombre d’entre elles se sont mobilisées lors des lois pénalisant la femme musulmane voilée notamment pour défendre le droit de porter le voile à l’école. L’objectif ici n’est pas de détruire leur lutte mais bien de dénoncer le rattachement à la cause féministe qui n’est et sera que perdition. Le courage et le dévouement des femmes musulmanes pour faire respecter leur religion sont louables. Seuls le basculement vers une occidentalisation de l’idéologie et la recherche de satisfaction de militantes féministes font flétrir la beauté du combat et conduiront de manière inéluctable à son déclin et à sa ruine.
Fierté de la femme musulmane
Femmes musulmanes, c’est la tête haute que nous nous battons pour nos droits, loin de récupération de femmes décadentes ou du moins peu enclines à reconnaître la valeur de notre religion et de la femme. L’islam n’a pas besoin de s’inscrire dans la poursuite d’actions féministes à l’image de Simone de Beauvoir qui a inauguré la théorie du genre par le biais de sa phrase culte « On ne naît pas femme, on le devient ». Nous avons nos propres modèles féminins, les épouses du prophète et les femmes des compagnons ainsi que des pieux prédécesseurs. Nul besoin de puiser dans des pseudo entités féminines édifiées en exemple dont la visée est bien souvent contraire à notre credo.
Oum Leyna