Nous évoquions dans un de nos articles précédents le courage ou la folie de Saleh Dido, le dernier musulman de Mbaïki.
En effet, cet homme maire de son village, avait déclaré vouloir rester à tout prix en Centrafrique.
« Je suis né ici. J’ai fait des enfants ici. Je suis à la mairie depuis cinq ans, j’ai prêté serment, je suis patriote. Pourquoi devrais je partir ? Je veux vivre dans mon pays…”, avait il affirmé devant les journalistes. Déjà, à l’époque de son témoignage des milliers de musulmans chassés de leurs villages et réfugiés à Mbaiki étaient partis.
» A tout prix…” disait-il et bien le prix fort il l’a payé… Il était le dernier musulman de son village.
Les miliciens chrétiens anti-balakas étaient venues à plusieurs reprises le menacer afin qu’il quitte le pays.
C’est ainsi qu’ils ont mis leur menace à exécution vendredi dernier. Les tueurs sont venus chercher Saleh Dido chez lui, dans le quartier de Baguermi, a-t-on appris par une enquêtrice d’Amnesty International.
Il a fui sa maison à toute vitesse, cherchant refuge à la gendarmerie. Les miliciens l’ont tout de même intercepté sur la route. Sans aucune pitié, ils lui ont tranché la gorge. Après sa mort, les voisins chrétiens du dernier musulman de Mbaiki ont protégé sa femme, enceinte, et ses enfants, qui ont plus tard été évacués par la Misca vers Bangui, en attendant un convoi ou un avion vers l’étranger.
“Le calme est revenu à Mbaïki“, se satisfont les officiels, oubliant de préciser qu’il n’était revenu que parce que la campagne de purification ethnique a été victorieuse.
En effet, Saleh Dido est mort. Il n’y a, cette fois, plus de musulmans à Mbaiki.
Les miliciens chrétiens n’ont donc plus de cibles. Désormais, c’est sûr, à présent le calme va pouvoir revenir…. à Mbaïki mais ailleurs ce n’est pas aussi certain.