Le sondage de cette semaine portait sur la légitimité de l’armée française à demeurer en Centrafrique ainsi que son efficacité. Vous êtes plus de 1500 à y avoir participé. Le résultat est sans appel, 85% des lecteurs d’Islam&Info, à majorité musulmane, estiment que l’armée française n’a rien à faire en Centrafrique. Elle doit, de ce fait, quitter sans plus tarder un pays dans lequel elle a déjà causé tant de dégâts.
Malheureusement, les choses ne semblent pas aller dans ce sens étant donné la récente déclaration du président de la République française de vouloir rester davantage sur ce territoire en grand conflit. La présidente de la Centrafrique, Catherine Samba Panza, va d’ailleurs elle aussi dans cette direction puisqu’elle a applaudi cette décision.
Cependant, l’armée française a beau vouloir rester sur place, les massacres continuent. C’est elle-même qui a été la cause de cette situation de déséquilibre ente musulmans et milices chrétiennes anti-balaka en désarmant les musulmans, les laissant sans défense face à ces milices remplies de haine et assoiffées de sang. Comble de son intervention, les milices chrétiennes refusent les dénonciations de la France quant au génocide commis à l’encontre de la population musulmane. Elles se soulèvent et tirent désormais sur les forces internationales.
Les musulmans de France n’ont dorénavant plus aucune confiance dans les agissements et les prises de position de l’armée sur place. Les « sanctions sévères » réclamées par la France pour les individus ayant commis des atrocités sur des musulmans sonnent faux. Louna, commentatrice d’Islam&Info, soumet même la proposition de condamnation de la France pour crime de guerre et crime contre l’humanité.
En Centrafrique pour de faux prétextes
Ironiquement, on se souvient du discours de notre cher président François Hollande, le 6 décembre lors du sommet Afrique-France à l’Elysée, sur ses bonnes intentions, sans intérêts aucun, seulement portées par une cause juste et humanitaire. Propos hypocrites ? Certainement.
« Les Français doivent être fiers d’intervenir quelque part sans intérêts », affirmait avec vergogne Monsieur Hollande.
Les intérêts géostratégiques et économiques de la France en Centrafrique paraissent beaucoup plus plausibles et nombreux qu’il n’y parait, notamment concernant les intérêts énergétiques. Entre autre, cette puissance militaire intervient pour protéger Total qui cherche à maintenir son hégémonie commerciale du pétrole. Areva a également son rôle à jouer car bien que seulement en phase d’exploration officiellement elle tend fortement à s’imposer. Restent encore les intérêts de France Télécom et Bolloré à défendre ainsi que d’autres grands groupes sur place.
Les réserves d’or, d’uranium et de diamants dans les sous-sols de la Centrafrique y sont aussi pour quelque chose. La France est donc loin de s’être découverte une vocation humaniste pour venir en aide à « un peuple qui souffre et nous appelle », expression chère au président français.
Il est de notoriété publique que l’Elysée recherche coûte que coûte à réinvestir l’Afrique. En effet, la Chine, quant à elle, prend du terrain et est de plus en plus présente dans les domaines pétrolifères. Elle apporte des aides et effectue des prêts pour des montants de plusieurs millions d’euros voire des milliards (soit des milliards de francs CFA) et ce, avec moins de conditions.
La France, on peut aisément l’imaginer, est piquée par ce nouvel intérêt extra européen. Craintive pour ses acquis en Afrique, elle profite du conflit en Centrafrique pour se loger stratégiquement au cœur du continent. Dans les autres pays africains, la France a un nombre considérable d’expatriés, beaucoup plus qu’en Centrafrique. Maintenir une force armée devient de ce fait un moyen de contrôle des activités des pays voisins.
En somme, la communauté musulmane francophone veut le bien des centrafricains et émet de grandes réserves quant à cette même volonté de la part de la France qui ne pense, elle, qu’à ses intérêts financiers et économiques. Au contraire, ingérence française et guerre civile augurent plutôt la poursuite des massacres. A l’image du Mali, la Centrafrique devient le terrain de l’entreprise néo-colonialiste française.