Nous vous tenons au courant très régulièrement par le biais d’articles dans les colonnes de notre rédaction de la triste situation en Centrafrique. Hélas, elle ne s’est guère améliorée.
Bien au contraire, les quelques centaines de musulmans à Bossangoa par exemple vivent avec la peur au ventre. Ils sont cantonnés de fait dans un camp de fortune où ils manquent de tout et craignent tout le monde. Ils veulent tous fuir la Centrafrique avant d’être massacrés par les milices chrétiennes.
Certains témoignent de la violence qu’ils subissent chaque jour de la part des chrétiens. En effet, un homme de ce camp raconte « Les anti-balaka ont tout détruit, ils viennent tous les jours pour nous menacer, ils ont des armes ».
Les milices chrétiennes ont pu garder leurs armes alors que les musulmans ont été désarmés dès l’arrivée des forces françaises. »
Depuis des mois, les violences qui secouent Bossangoa ont coupé cette ville en deux, jetant dans les camps de déplacés des milliers de civils.
A un kilomètre de là, de l’autre côté de la route, jusqu’à 7.000 musulmans s’étaient réfugiés à l’école Liberté, pour fuir les vengeances des milices anti-balaka majoritairement chrétiennes.
Hélas, tous les musulmans qui ont pu ont fuir ont fui mais il reste un petit millier de déplacés terrorisés. Les musulmans sont effrayés. Ceux de ce village racontent que leurs maisons ont été brûlées et pillées, leur mosquée saccagée. Ils disent que les anti-balaka les empêchent de travailler sur le marché central qui vient de reprendre du service cette semaine après plusieurs mois d’inactivité.
L’imam du camp des musulmans affirme à la porte parole des affaires humanitaires de l’ONU : « Nous sommes bloqués et menacés partout. Il n’y a pas un musulman qui peut se déplacer dans les quartiers ou même se rendre à l’hôpital. La situation est pénible, nous n’avons plus de quoi manger, on ne peut pas travailler, nous vous demandons de nous amener au Tchad ». D’ailleurs ces milices empêchent même le ravitaillement des camps. C’est pour cette raison que des tirs ont éclaté entre les soldats et les milices il y’a trois jours.
Seydou Camara, le coordinateur de l’Unicef dans la ville déclare : « C’est comme s’il y avait un nettoyage basé sur la religion, c’est ça la réalité ».
Ils veulent exterminer tous les musulmans . Par exemple, le 13 février, un pick-up rempli d’anti-balaka lourdement armés est arrivé en ville pour intimider les réfugiés musulmans. « Ils sont restés là depuis. Ce qu’ils font n’est pas clair mais ils ont des lance-roquettes », commente un humanitaire.
De son côté, Valerie Amos est ressortie de son déplacement à Bossangoa en se disant « choquée » par « les maisons brûlées, les habitants traumatisés, des civils innocents qui subissent de plein fouet les violences ».
Ils attendent donc avec impatience que l’on puisse les aider à fuir ce pays qui a sombré dans la haine des musulmans.