Le Huffinghton post Québec nous présente une version quelque peu spéciale de ce que sont les différentes formes que prennent les voiles musulmans dans le monde. Cette spécification photographique permet aux québécois de se positionner quant à la charte des valeurs qui soulève actuellement une vive polémique.
Force est de constater que les photographies choisies sont loin d’être neutres et peuvent aisément orienter les lecteurs vers une aversion prononcée du voile sous toutes ses formes.
Pour commencer, le hijab est présenté comme un vêtement coloré. Cette illustration est la moins négative bien qu’on se demande pourquoi il a fallu choisir absolument des femmes à l’air triste et bien sévère.
Ensuite, la burqa. Vêtement qui sous-entend tout un imaginaire de l’étranger, de l’islamisation galopante, des talibans, de la soumission de la femme. Cette dernière ainsi représentée est agenouillée, elle semble mendier. Sa position fait penser à la misère, elle est comme prostrée.
La photo suivante est aussi riche en clichés et préjugés. Elle est censée représenter le « tchador » mais en réalité il s’agit du niqab. Le tchador est un long hijab assorti d’une abaya ou un djilbab, ce qui est pourtant bien expliqué dans le petit paragraphe agrégé à la photo, pourquoi alors choisir une photographie sur laquelle le voile n’est pas le bon? Heureusement que le document doit expliquer les variétés de voiles… L’importance numérique des femmes ainsi vêtues implique consciemment ou inconsciemment une islamisation en devenir voire actuelle. L’effet escompté serait la recherche de peur et l’inquiétude. La représentation sous forme de manifestation conduit à penser à une prise de pouvoir de ces femmes « habillées de noir ». D’autant plus qu’en premier plan, une enfant est mise en avant. Ce procédé peut engendrer la crainte chez les parents de voir leurs filles parées d’un voile. Le cocktail est au complet…
Enfin, grande surprise en ce qui concerne le niqab. Il semblerait que les femmes portant ce voile ne soient pas des musulmanes mais plutôt des juives ultra orthodoxes car proche d’elles est brandi un drapeau pro Israël sur lequel des inscriptions en hébreux ont été ajoutées. Or, le paragraphe descriptif lié à cette illustration explique que c’est l’islam wahhabite qui a influencé de nombreuses personnes vers ce vêtement notamment dans les « milieux urbains ». N’y-a-t-il pas suffisamment de représentation du niqab pour ne pas le lier à Israël ?
En conclusion, les journalistes ne semblent pas maîtriser le sujet de l’islam. Ils devraient peut-être suivre des stages d’explication, initiative qui devrait également être entreprise en France. Il serait temps…