Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) a réagi, jeudi 30 janvier, à la polémique créée par le retrait massif d’enfants des écoles (maternelles et primaires) suite à la mise en place d’un programme nommé ABCD de l’Egalité qui dans le meilleur des cas flirte avec la théorie du genre.
Le CFCM s’est déclaré hostile à la théorie du genre mais prend acte des propos du Ministre de l’Education nationale, Vincent Peillon, qui a démenti l’apprentissage de la théorie du genre à l’école. Cependant, le communiqué va plus loin et engendre des interrogations quant à la compression de la colère des parents par le CFCM et la laïcité à deux vitesses de la République.
Le CFCM appelle instamment les parents d’élèves à renouer rapidement le dialogue avec les chefs d’établissements pour permettre un retour rapide de leurs enfants à l’école.
La prise de position du CFCM, organisation sensée représenter les musulmans mais totalement coupée de la masse, pose deux questions essentielles.
En se positionnant, Dalil Boubakeur donne à nouveau le bâton aux politiques et aux médias pour faire battre la communauté musulmane. Dorénavant, Farida Belghoul est présentée comme une intégriste musulmane (vu à la télé) et les parents qui ont suivi l’appel des JRE, des arriérés illettrés opposés à l’égalité homme femme ayant cru à une rumeur.
Deuxièmement, en laissant le CFCM intervenir sur un sujet qui ne le concerne pas, l’Etat démontre le discours à double vitesse de la laïcité. En effet, si l’école est laïque, alors l’équipe de Dallil Boubakeur n’a pas sa place dans le débat. Comme expliqué plus haut, il permet juste un amalgame entre un mouvement spontané de parents d’élèves et la communauté musulmane. S’il y a beaucoup de mamans musulmanes, c’est que ces dernières sont soucieuses de ce qu’apprennent leurs enfants mais en aucun cas que le mouvement est communautaire.
A y voir de plus près, on peut se poser la question quant à la compréhension de la démarche de ces parents par le CFCM. En pressant les parents de remettre leurs enfants à l’école, Dallil Boubakeur ne comprend pas qu’il s’agit de retirer son enfant un jour par mois et non tout le temps, comme le fait comprendre le communiqué de presse.
De plus, le CFCM semble vouloir se servir du mouvement spontané de parents de toute religion pour redevenir un interlocuteur unique avec les pouvoirs publics. Ahmet Ogras ne laisse aucun doute lorsqu’il déclare aujourd’hui à la presse que Vincent Peillon aurait dû se rendre au CFCM pour les consulter.
«Nous sommes aujourd’hui pris par le buzz généré sur les réseaux sociaux par ce boycott. Les enfants sont pris en otages, le CFCM aussi…
En ayant omis de consulter les instances représentatives de l’islam de France, le ministre de l’Éducation nationale nous prend, lui aussi, en otages, face à notre base qui nous presse de questions.
Il aurait pu avoir l’amabilité de nous consulter. Nous l’attendons au CFCM pour qu’il vienne nous expliquer son projet.»
Au final, le CFCM sert à nouveau l’Etat dans son souhait de stigmatiser la communauté musulmane et diviser les français. En effet, en communautarisant la lutte, le CFCM enferme le mouvement alors que les instigateurs parlent depuis le début à tous les français. Aussi, les programmes scolaires par souci de laïcité n’ont pas à être jugés par le CFCM ou quelque instance religieuse que ce soit. Ce dernier se prend pour le berger qui a perdu ses moutons.