Un lecteur, que nous appellerons Monsieur M. par souci d’anonymat, nous a contactés afin de partager et faire connaître sa triste et effrayante histoire. Il habite le quartier de Surville à Montereau Fault Yonne en Seine-et-Marne (77). L’islamophobie est non seulement en constante augmentation mais elle prend des formes de plus en plus dangereuses. Les insultes sont monnaie courantes, les racistes anti-musulmans sont passés à l’étape supérieure, ils frappent, agressent physiquement et désormais incendient des appartements. Monsieur M. raconte l’acharnement dont lui et sa famille ont été victimes.
« Après bien des déménagements, ma femme, mes enfants et moi-même nous installons dans un quartier à quelques kilomètres de notre ville natale, n’étant pas natifs de l’endroit, l’intégration dans la communauté est difficile. Au bout de quelques temps nous trouvons un appartement plus grand dans le même quartier mais dans un endroit assez particulier où les musulmans pratiquants ne sont pas légion et c’est là que le drame va se jouer.
D’entrée, une voisine nous informe que les anciens locataires du logement que nous occupons, apparemment de pieux musulmans, s’en sont retournés en Turquie après que l’appartement ait été ravagé par un incendie volontaire. Le décor était planté !
Aussi, un événement qui va être à la fois le déclencheur de nos malheurs présents et leurs explications se produit. Le fils des locataires qui habitent juste au dessus de nous bénéficiant d’un élargissement, astreint au port d’un bracelet électronique,vient de regagner le domicile parentale après avoir passé quelques temps en détention. A partir de là, plus rien ne va aller.
Il y a environ 2 mois, un soir vers 23 h, nous sommes alertés par de violents coups dans la porte d’entrée. Ce sont les pompiers qui veulent s’assurer que nous ne sommes pas asphyxiés par des fumées toxiques car il s’avère qu’une poubelle commune qui se trouvait juste au dessous de la fenêtre de notre chambre vient d’être intégralement détruite par un objet incendiaire et les émanations toxiques ont effectivement envahi la pièce. A ce moment, nous ne savons absolument rien de ce qui se joue autour de nous et mettons ça sur le compte d’éventuels petits voyous comme il en existe partout. Mais bientôt tout va changer.
Une semaine jour pour jour après cela et quasiment à la même heure, ma femme remarque que notre salon baigne dans une odeur bien étrange à mi-chemin entre l’essence et le dissolvant. Nous ouvrons la fenêtre qui donne sur le balcon pour nous retrouver face à un véritable brasier : des vélos,des jouets en plastique ainsi qu’un stock de pots de peinture sont en train de partir en fumée devant nos yeux ! Cette fois c’est clair, c’est nous qui sommes visés.
Quelques jour plus tard, un événement étrange et qui s’avérera être une tentative pour brouiller les pistes va se produire. Les voisins du dessus voient leur bouton de sonnette être en partie calciné.
Quelques jours se passent et là on franchit un pas de plus dans l’abjection. Alors qu’un samedi soir relativement tard nous sommes, ma femme et moi, réunis autour de la table du salon en compagnie de nos 3 plus grands enfants. Nous récitions des sourates quand nous sommes stoppés net par une grosse déflagration. Cette fois-ci c’est très sérieux, on a déversé une quantité impressionnante de liquide inflammable sur notre balcon. Le feu était impressionnant.
Pourtant une fenêtre à l’extrémité de la pièce était restée entre-ouverte, je m’y suis précipité dès la détonation et rien, personne. De toute façon, même avant l’explosion avec cette fenêtre nous aurions forcement entendu quelqu’un détaler car devant il n’y a qu’une grande allée qui borde notre appartement et une grande rue très fréquentée dans la journée qui vient couper perpendiculairement cette allée. Bref un large espace ouvert qu’il faut,même en courant à vive allure, plusieurs longues secondes pour quitter. Et là rien, dehors il n’y a pas âmes qui vivent.
La police et les pompiers pourtant alertés depuis longtemps n’arrivent toujours pas. L’incendie gagne du terrain. La vitre du balcon que nous avons laissé fermée pour empêcher l’entré des fumées explose tout à coup sous l’effet de la chaleur. Nos enfants hurlent. Les petits se réveillent. Le volet qui n’était qu’à moitié fermé se consume,ce n’est plus qu’une question de secondes avant que l’incendie ne se propage à l’intérieur.
Les « secours » arrivent enfin mais bien tard, nous sommes évacués dehors. Nos six enfants grelottent,certains d’entre eux ne portent qu’une couverture. Puis nous sommes questionnés dans les escaliers comme des malpropres, presque comme des coupables. Le spectacle est terrible, dans le froid,dans le hall de l’immeuble comme des réfugiés. On tente de nous tuer, de nous faire fuir. Cela ressemble aux menées du KKK envers les noirs d’Alabama et l’on repense à cette famille turque. Nous, les musulmans, ne sommes plus chez nous en France.
Puis il va se passer quelque chose de surréaliste. Les policiers ainsi que 2 de nos voisins vont nous dire qu’ils savent qui fait ça depuis le début. Nous allons apprendre que le fils des voisins du dessus vient de sortir de prison pour incendie volontaire. Un de nos voisins nous fait judicieusement remarquer que la sonnette qui a brûlé ne l’a été que d’un côté, côté porte, comme si quelqu’un l’avait brûlée de l’intérieur en sortant un briquet par la porte par exemple pour aiguiller les investigations sur une fausse piste. Cela se tient lorsque l’on sait que l’incendiaire ne quitte pas son domicile (bracelet électronique). Tous les feux ont put être commis sans quitter le domicile. Il n’a qu’à se pencher pour atteindre notre balcon, pareil pour la poubelle etc…
Nous obtiendrons finalement un rendez-vous avec le maire Yves Jego qui nous écoutera à peine…
Puis enfin la semaine dernière, il va se produire ce qui nous a poussés à contacter Islam&Info. Ma femme et moi entendons ce qui semble être une violente dispute provenant de chez l’incendiaire. Nous nous rendons vite compte qu’ils sont ivres morts. Quelques minutes plus tard, nous sentons une violente odeur telle que les fois précédentes. Je me précipite sur le balcon et là j’assiste à une scène surréaliste : la mère essaye mollement de dissuader son fils de passer à l’action à savoir de foutre le feu au liquide incendiaire qu’il a déjà balancé car sinon c’est lui qui se retrouverait incriminé et qu’en gros c’est nous qui passerions pour les victimes ! Ce fut ensuite un déchaînement de vociférations d’alcooliques accompagnées de toutes les insultes possibles et imaginables :
« Ces e*** de bougnoules » ou « va te faire e*** bougnoule », je vais les faire cramer ces e*** d’arabes » ou bien « ils vont cramer ces e*** d’arabes ». Il m’a même semblé entendre du « islamiste »ou du terroriste » un comble vu que c’est nous qui subissons ces attentats depuis plus de 2 mois.
Bien évidemment nous sommes bien conscients que nous n’avons pas à faire à des nazis ou à une quelconque organisation structurée d’extrême droite mais ce racisme là, celui du quotidien, est peut-être le pire car il n’a de comptes à rendre à personne.
Ce jour là, nous avons prévenu la police comme d’habitude qui n’a pas daigné venir avant 40 minutes. Dès lors, j’ai su qu’il n’y avait plus rien à espérer d’eux, qu’ils ne feraient jamais rien, que l’on pouvait bien crever. Ils n’ont d’ailleurs même pas pris la peine de noter quoi que ce soit contrairement aux autres fois, ni en ce qui concerne les insultes à caractère raciste ni en ce qui concerne le fait qu’il soit passé quasiment à l’acte et ce, sous notre nez.
Il faut que vous compreniez mes frères et sœurs que vous êtes notre dernière espoir. Pendant tout ce temps, je n’ai cessé de prendre sur moi. Nous voulons que justice soit faite, qu’ils payent, qu’on ait la paix et que l’on puisse reprendre une vie normale. J’espère, mes frères et sœurs, qu’avec votre concours et surtout celui de dieu nous pourrons trouver une issue à cette situation désespérante.
Au moment même où j’écris cette lettre, un nouvel incendie vient de nous frapper et cela s’est avéré être extrêmement grave car il y a eu des échauffourées. Des jeunes frères qui se trouvaient là à ce moment et constatant la gravité des faits antérieurs, des insultes racistes etc ont su garder leur calme mais la situation était explosive. Le voisin du dessus nous invectivait de sa fenêtre en étant soutenu par tous les habitants du bâtiment qui n’étaient pas de confession musulmane. »
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