Il y a un an, une insurrection contre le président François Bozizé a pris forme en République Centrafricaine. 5000 hommes, la plupart musulmans habitant le nord du pays délaissé par l’Etat, ont lancé une attaque sans précédent contre le sud. Ne rencontrant presque aucune résistance, la Séléka a recruté à bras ouvert tous les centrafricains souhaitant un changement dans le pays jusqu’à atteindre en mars plus de 20.000 hommes. Avant de s’enfuir, le président Bozizé a ouvert les prisons et distribué des armes afin de créer un chaos dans le pays.
Suite aux rackets par des bandits armés, des milices de défense chrétiennes se sont créées notamment dans la capitale Bangui. La situation s’est aggravée récemment depuis l’annonce d’un envoi important de troupes françaises, la Séléka s’est repliée laissant les minorités musulmanes à la merci des milices qui ont décidé de se venger aveuglément.
Ainsi, dans la nuit de lundi à mardi, la banlieue de Bangui a été le théâtre de massacres de nomades Peuls, n’appartenant à aucun camp, par des chrétiens armés de machettes. Bilan : 22 morts et 42 blessés dont un bon nombre d’enfants.
Dans la capitale, une certaine accalmie s’est imposée en attendant l’arrivée des soldats français.
«Le danger immédiat, c’est de voir la colère contre la Séléka se reporter contre les musulmans», avertit Peter Brouckaert, de Human Rights Watch, qui s’est rendu récemment en Centrafrique.
«Près de 350 musulmans ont été tués dans des actions de représailles depuis septembre, dénombre Peter Brouckaert. Les musulmans seront d’autant plus vulnérables après le départ de la Séléka qu’ils forment de fortes minorités au sein des villages chrétiens du sud et de l’ouest.»
En majorité commerçants, les musulmans de Centrafrique sont souvent originaires du nord du pays, vaste région abandonnée depuis des décennies par le pouvoir central d’où provient le noyau dur des rebelles de la Séléka.