Selon un sondage IFOP, les français estimant certaine ou probable une explosion sociale dans les prochains mois sont plus de 76%.
Cette mesure d’anticipation de climat social tendu n’avait jamais été aussi élevée dans le passé. Elle démontre que l’ensemble des français sans disparité régionale estime que le climat est vraiment délétère. La certitude de cet effondrement social est plus présente chez les 35-49 ans, ce qui démontre que c’est bien la classe consciente du pays, entrepreneuse et expérimentée qui n’y croit plus.
En effet, si les élites du pays ne s’en rendent pas compte c’est bien le rêve français qui a été cassé ces dernières années. Un exemple, l’accès à la propriété, qui représentait pour beaucoup la finalité d’une dure vie de labeur, est désormais un lointain mirage. Les nouvelles générations réalisent progressivement que depuis l’euro approximativement, leur niveau de vie s’est effondré. Si la baguette est passée de 2 francs ( 30 cents ) à 1€ ( 6 francs cinquante ), leurs salaires eux n’ont pas été multipliés par 3 … Au delà des rêves de vie c’est désormais les besoins de base tels que la santé, l’éducation et le travail qui semblent menacés, ce qui explique largement la vision « no futur » de la classe laborieuse française devenue blasée. De plus, le crédit que l’on nous avait vendu dans nos universités comme la clé d’une croissance retrouvée apparaît, après la crise financière des subprimes, comme un danger en soi … Il est à noter que le Front de gauche et le Front national en s’intégrant au grand jeu institutionnel ont été les grands perdants des dernières grandes contestations populaires. La place reste donc vacante pour un mouvement spontanéiste, populaire voire traditionnel, de contestation solidaire et radicale d’une société aux mains des grandes troïkas financières et technocratiques …
Pour ce qui est de la population musulmane largement issue de classes laborieuses, le problème se pose différemment. Le bon réel du niveau d’éducation et de socialisation de la communauté musulmane ne s’est pas traduit, sauf pour une minorité, par un gain proportionné dans le domaine économique. Ainsi le fils avocat ou ingénieur de 2ème ou 3ème génération n’accède qu’avec difficulté à la propriété dans des régions périphériques directes des grandes villes contrairement à ses parents commerçants il y a 30 ans …
Par ailleurs, un tournant s’opère désormais dans les élites musulmanes françaises. La vindicte anti-musulmane a fait ses effets. La » beurgeoisie » qui aimait à se démarquer du « pauvre » ou du « pratiquant » de banlieue voit les limites de cette politique. Le renoncement à son identité et à la solidarité de ses milieux naturels ne l’a pas sauvé de la guerre anti-intégristes devenue depuis anti-musulmane. A l’inverse, contrairement aux autres ( juifs, catholiques, gays, humanistes ), il l’a coupé de ses appuis en l’atomisant. Son déni d’appartenance ne l’a pas rendu plus « intégrable » mais à la limite plus suspect … C’est ainsi que depuis quelques mois, nous assistons à une prise de conscience de ces élites qui s’amplifiera au fur et à mesure : ils ne pourront briser cette cloche de verre qui les entoure qu’en se resolidarisant avec leur communauté et en se revendiquant comme ils sont, musulmans. D’ailleurs, nos ennemis ont bien compris ce processus et ne cessent d’agiter le chiffon rouge du « communautarisme » tant ils savent que cette solidarité peut s’avérer puissante et déstabilisante pour l’establishment.
Nous confirmons pour notre part, que cette réarticulation s’opère désormais dans les faits dans une coopération des quartiers de banlieue avec la rive gauche verte de Paris … Pour ce qui est de la population musulmane communautaire, on doit constater que le spectre de révoltes pour la liberté et la dignité semble de plus en plus s’imposer dans les élites actives de la Communauté. Cette aspiration n’est point idéologique ou programmée mais s’impose et répond à un ostracisme du système de plus en plus mal supporté par des gens qui ont accepté toutes les humiliations. Elle apparait également comme la dernière réponse à une surenchère nihiliste des plus jeunes ajoutée au discrédit total des représentants musulmans. La question est désormais de savoir si cette révolte saura s’inscrire dans l’ensemble de la grogne française ou apparaîtra comme celle d’un corps étranger…
Malgré toute leur retenue et leur attentisme traditionnel, tous les milieux de réflexion s’accordent sur un point. Le clash apparait de plus en plus comme une étape inévitable, voire nécessaire, pour la fin de la « chasse antimusulmane » et l’introduction complète des musulmans français au sein de l’appareil d’Etat et des cercles de décisions. La théorie de » l’escalier pris à la place de l’ascenseur » aura fait son temps car même ceux qui se trouvaient dans les hauts étages de la tour sociale réalisent qu’ils n’iront pas plus haut si leur communauté végète au rez-de-chaussée, si ce n’est dans les caves… La voiture bélier s’impose, en aparté, aujourd’hui comme un moyen légitime et efficace pour effectuer son entrée dans la salle des jeux politiques.
La haute société, elle, tente donc dans un dernier élan d’imposer des récupérateurs lors des proto-révoltes de banlieues jusqu’en Bretagne. Leur coupure avec le pays réel les empêche encore de voir que ni un Mélenchon, ni un Iremmo ne pourront endiguer une lame de fond qui se lèvera subitement …
Décidément la théorie de l’ascension sociale par la voiture bélier ou le tracteur massue a de beau jour devant elle en France !