Lors d’une interview pour le magazine Elle, Caroline Eliacheff, pédopsychiatre et psychanalyste, fille de Françoise Giroud, prend position pour la crèche Baby Loup et défend l’interdiction du voile dans le domaine de la petite enfance tant privé que public. Les arguments employés sont médiocres et dignes d’une discussion de comptoir.
Alors que « la spécialiste » en matière d’éducation des enfants avoue qu’il n’y a aucune étude concrète réalisée sur l’impact qu’un voile pourrait avoir sur des enfants et des nourrissons, elle argue tout de même dans le sens d’une nuisance pour leur futur équilibre concernant les relations sociales homme/femme.
Elle se réfère d’emblée au vocabulaire imagé de la torture renvoyant aux stéréotypes des violences faites aux femmes dans les pays musulmans.
« On peut s’interroger sur les conséquences pour un nourrisson de ne voir que le visage de face, une tête amputée des oreilles, des cheveux et du cou. »
Selon cette « experte », les très jeunes enfants percevraient une différence entre les hommes et les femmes véhiculée par le foulard islamique. Ces dernières changeraient leur comportement en présence de la gente masculine. Cependant, il est plutôt encourageant que les enfants fassent la différence entre un homme et une femme même sans voile, l’inverse serait embêtant. Quant au comportement, pourquoi une femme devrait agir comme un homme et vice-versa ? Nos agissements sont conditionnés par des normes inhérentes à notre éducation qui s’activent selon les personnes avec qui nous sommes, nous discutons, nous travaillons, hommes ou femmes… Et ce, même si nous n’avons pas grandi dans l’islam.
Aussi, toujours d’après Caroline Eliacheff, les femmes voilées exerceraient une pression prosélyte sur les bambins en appliquant leurs propres règles issues de l’islam. Le glissement est subrepticement amené mais il est grave. Le voile n’est plus seul à influencer les comportements, mais la pratique de l’islam pourrait entacher le travail des employées musulmanes.
« Une salariée voilée ne se contente pas de porter le voile : elle pourrait aussi appliquer aux enfants ce qu’elle estime être les règles de sa religion. Cela a des répercussions sur la mixité, la nourriture, l’éducation sexuée… »
Sur la simple suspicion, cette pédopsychiatre nie le savoir-faire des femmes musulmanes voilées et non voilées. Sa démonstration n’est fondée que sur une hypothèse formulée au conditionnel. A quand l’interdiction du travail aux musulmans ?
Les dérapages se poursuivent au gré de son imagination. Les musulmans voudraient être séparés des autres enfants durant les repas. Les assistantes maternelles musulmanes empêcheraient les filles et les garçons de jouer ensemble. Pour rappel, les juifs, il y a quelques décennies, ont souffert de ces fameux discours hypothétiques sur leur nature profonde, mensonges, approximations étaient également au rendez-vous.
En outre, le raisonnement se rabat sur un élément des plus curieux de par son paradoxe. En effet, les enfants sentiraient que le voile pose problème aux adultes et c’est donc cela qui leur pose question… Finalement, c’est le serpent qui se mord la queue. A travers un discours partial, il ressort que si le voile ne posait pas de problème dans notre société, il n’en poserait pas aux enfants. Par conséquent, elle donne elle-même le fouet pour se faire battre en rendant néfaste cette polémique laïciste pour les enfants, les premiers intéressés de ce faux débat.
L’intégrisme est actionné contre les musulmans. Des arguments arbitraires sont développés par les extrêmistes laïcards afin de mettre à terre l’islam et ses fidèles.
Les musulmans s’étaient réjouis lors du verdict en faveur de l’employée licenciée de la crèche Baby Loup, or, cette décision de justice a été commentée par les politiques, Manuel Valls en tête, ce qui pose la question de l’indépendance du système judiciaire en France.
Oum Leyna