Un nouveau groupe féministe vient de se créer au Québec, il s’intitule « Pour le droit des femmes du Québec », soit PDF-Q. Son leit-motiv est le rejet du communautarisme.
PDF-Q se veut être une voie privilégiée du débat sur le voile islamique, sujet polémique à l’heure actuelle. Ce groupe s’oppose alors frontalement à la Fédération des femmes du Québec qui quand cette dernière défend le droit du port du voile en invoquant la liberté individuelle des femmes et le respect de leur diversité, PDF-Q estime qu’il faut l’abolir au nom de l’intérêt collectif des femmes.
PDF-Q juge le voile préjudiciable pour les femmes puisqu’il serait le signe visible de leur asservissement.
A la tête de ce nouveau mouvement, Michèle Sirois, sociologue et anthropologue des religions. Encore une fois, la question réside dans la légitimité d’une telle personne à se dresser contre une pratique religieuse.Tout un ensemble de personnalités mettant en exergue une carrière exercée dans le droit des femmes et l’égalité homme/femme ont rejoint cette cause.
Michèle Sirois souligne par communiqué de presse :
«PDF Québec veut rassembler toutes les femmes, au-delà de leurs différences et de la diversité de leurs besoins, avec pour objectif primordial la remise en question du système patriarcal. PDF Québec ne s’inscrit pas dans ces nouvelles définitions du féminisme qui semblent servir d’autres intérêts que ceux des femmes.»
On l’aura compris ces féministes sont plus féministes que toutes les autres et en ont le monopole en raison de leur lutte contre le voile.
Derrière ce discours soi-disant protecteur de la femme se cache un ethnocentrisme inhérent au débat du voile dans cette contrée. Après tout, les québecois auraient civilisé les femmes musulmanes, les quelques récalcitrantes doivent donc plier de force… L’interview récente de Céline Dion était assez frappante dans ce sens.
Cette recrudescence de féminisme à tout prix est fortement liée à la déclaration de Marc Tanguay, député, porte-parole de l’opposition sur le sujet de la laïcité, lorsqu’il affirme que :
«Les candidates libérales pourront porter le tchador au prochain scrutin», «On ne peut jouer dans les limitations des libertés, et cette personne qui se fait élire (avec son tchador) aurait tout à fait le droit et la légitimité démocratique d’être assise à l’Assemblée nationale».
La député libérale Rita de Santis, quant à elle, a décidé d’arborer dans l’enceinte parlementaire une croix dorée d’une dizaine de centimètres symbole de son appartenance au catholicisme et par le biais de laquelle elle envoie un message clair au gouvernement. Son chef de parti a soutenu son action en refusant de signer toute loi interdisant les signes religieux ostentatoires pour les élus parlementaires.
Ces prises de position ont secoué le parlement.
Nombre de députés se sont érigées contre l’affront de Marc Tanguay fait à la gente féminine, notamment la députée libérale Fatima Houda-pépin qui a été « sidérée, blessée et choquée », oui tout cela à la fois…
Ces députés auraient le droit d’interdire un vêtement, une pratique religieuse, au nom de quoi ? Pourquoi prétendent-elles connaître ce qui est meilleure pour les autres femmes ? En cherchant à fuir le relativisme culturel, c’est elles qui opèrent une essentialisation de la femme en l’enfermant dans une tenue et un mode de vie qui est loin de correspondre à tout le monde. Elles donnent des symboles à des vêtements qui n’ont pas de sens au Québec où les femmes se couvrent les cheveux ou le visage après une recherche personnelle et spirituelle et non sous l’influence d’hommes dominants.
De toute manière, Madame Houda-Pépin le dit « Oui, en démocratie il est permis d’interdire quand l’intérêt public l’exige ». Les femmes voilées ignoraient alors qu’elles allaient à l’encontre de l’intérêt public pour un simple tissu. Décidément, les députés occidentaux n’en ont pas fini de parler chiffon…
Les musulmans du Québec vivent les mêmes attaques qu’ont connues les musulmans français ces dix voire vingt dernières années. Aujourd’hui la femme musulmane est placée comme victime demain lorsque cette excuse ne fonctionnera plus, elle sera un ennemi de la République.