Notre communauté compte de plus en plus de reconvertis et chacun s’en réjouit. Il suffit de voir l’engouement de tous lors d’un article traitant d’un nouvel arrivant dans l’islam. Émotion et liesse sont au rendez-vous.
Chaque reconverti pour sa part a en tête le bonheur du jour même de sa Chahada (attestation de foi). Embrassades, sourires voire larmes sont gravés dans les mémoires.
Cependant, les jours d’après ne sont pas forcément aussi enchanteurs. Beaucoup sont éprouvés dans ce cheminement spirituel. Les familles, perplexes, cherchent à nier ce changement, à faire revenir leur enfant « dans le droit chemin », comme les parents ont coutume de dire.
D’autres effectuent un renouveau social et professionnel dans leur vie. L’ancien boulot devenu illicite est abandonné sous peine d’être en grande difficulté financière.
Bien évidemment, ils prient, invoquent, attendent, espèrent, craignent. Pourtant, l’homme est fait de sentiment et la situation est douloureuse. Le cœur est malmené, balloté entre deux vies. Tiraillés, ces nouveaux venus souffrent.
Or, à cet instant, l’émoi de la communauté n’est plus là. L’euphorie du grand jour est passée les laissant esseulés dans un univers qu’ils ne connaissent que trop peu, apprivoisé petit à petit certes mais encore tellement étranger.
Paradoxalement, au fond de soi on sait bien qu’on ne s’est jamais senti aussi serein. On a trouvé la paix intérieure.
Malgré tout, les attaques incessantes font mal. Elles assaillent de toute part et surtout de notre propre famille. Le voile, le porc, la barbe, les sorties, les nouveaux livres, la télévision, la musique, le travail (et la liste n’est pas exhaustive) sont autant de sujets épineux remis à longueur de temps sur la table.
Et dans ces moments où est notre communauté ?
Elle conseille de patienter, certes. Elle sous-entend que tu n’es pas assez doux avec ta famille, tu fais pourtant du mieux que tu peux et est-ce vraiment toi le problème ?
Prier caché, jeûner caché, soit.
Seul, les soirs de Ramadan, tu singes un repas de fête, un semblant de repas non habituel pour se « mettre dans l’ambiance ». Toutefois, tu n’entends que le bruit de ta cuillère raclant ton assiette et les cris des disputes résonnant encore et encore dans ta tête.
Il n’est pas rare d’entendre parler de reconvertis laissés pour compte, sans toit, sans famille. Des messages florissent sur les réseaux sociaux afin de signaler ce genre de situation.
Donc, à notre communauté qui sait être si généreuse, n’oubliez pas nos reconvertis. Le jour J est beau mais la suite est un long chemin au cours duquel il est meilleur d’être accompagné. Un petit rien peut engendrer un grand bien. Douceur et amabilité sont tellement réconfortantes.
Amener une personne vers l’Islam par la volonté de Dieu est beau, cependant, le travail ne fait que commencer. Un reconverti n’est pas un trophée de da’wa s’agrégeant à un palmarès de conversions. Au contraire, la charge prend effet à partir de la prononciation de la Chahada.
Petite note d’une reconvertie qui remercie toutes les personnes qui se sont mobilisées pour elle.
N’oubliez pas nos reconvertis, tous les moyens sont bons pour les aider. Pensons notamment à des associations telles Islamconversion, un groupe de musulmans qui participe à faire découvrir l’islam tout en axant leur objectif sur un apprentissage dans la durée.
Nedjma, Alice