PRÉSENT
L’Égypte ou plus précisément la junte militaire égyptienne semble vouloir s’approprier dans son intégralité la méthode de l’armée algérienne des années 90.
Il s’agit encore une fois, pour une armée qui craignait de perdre le contrôle totale du pays, d’éradiquer la principale force d’opposition à leur domination : les » islamistes « .
Pour cela, suspendre les élections ne suffit pas.
Dissoudre la formation politique est insuffisant.
Elle ne saurait justifier le massacre des leaders de l’Ikhwaniya et le démantèlement des réseaux musulmans sans plus « d’évènements »…
Il faudra donc, par un harcèlement sécuritaire sans limite, pousser une partie des victorieux déchus à la révolte et à la violence.
Dans ce sens, les arrestations arbitraires vont se multiplier.
Les mauvais traitements et les tortures toucheront de près ou de loin ce qui ressemble à un islamiste.
30 janvier 1995 : Explosion d’une voiture piégée près du commissariat central d’Alger, sur le boulevard Amirouche : 42 morts.
22 février1995: Carnage à la prison de Serkadji d’Alger : plus de 100 morts, dont une écrasante majorité de prisonniers politiques.
Les faux-attentats spectaculaires et les assassinats ciblés devront finir de rallier à cette tuerie les réticents parmi les forces de l’ordre, les musulmans naïfs et les vrais démocrates.
Dans ce chaos généralisé, mais provoqué par les services, l’armée pourra se présenter devant ses mentors occidentaux comme le seul rempart face au radical-islamisme.
La guerre civile en passe de devenir réalité est en fait le préalable indispensable de la contre révolution menée par la sécurité militaire égyptienne.
Une insurrection d’humiliés sans cadres va donc naitre des mains mêmes des appareils sécuritaires des « nouveaux pharaons ».
L’histoire se répète donc.
Mais elle peut causer des surprises …
FUTUR
Et la surprise principale viendra de l’information et de la communication.
En effet, contrairement à l’Algérie des année 90 l’Égypte possède … Internet.
Des web-vidéos démontrant la sauvagerie et les manigances de l’armée égyptienne pourraient amener à un soutien inattendu et franc de ce qui apparaitra alors comme : la cause égyptienne.
Les risques d’internationalisation de cette guerre civile sont donc nombreux.
Ils prendront d’ailleurs plusieurs formes.
Le « GIA des pyramides » a ainsi beaucoup plus de chance d’échapper à ses commanditaires cachés que sa première version.
FORCES ADJACENTES
La rue arabe connectée va ainsi démontrer pour la première fois son rôle dans ce nouveau millénaire.
Ce qui s’est fait il y a 30 ans ne réussira donc pas forcément aujourd’hui.
Le réseau pourrait devenir un centre d’opposition islamique efficace et redoutable.
L’Occident s’est sans doute tiré une balle dans le pied en laissant ces faucons néoconservateurs reprendre la main sur le projet du « Grand Moyen Orient ».
En effet, les « Frères Musulmans Newgeneration » représentaient pour la CIA un allié objectif de sa politique d’imposition du modèle libéral, financier, droits de l’hommiste et mondialiste.
Cette génération libéralo-ikhwani sera sans doute la première victime des purges Sisiennes …
Les Frères Musulmans vont donc une nouvelle fois, comme à leur habitude, se scinder en 2 : une aile encore plus conciliatrice et une autre plus « conservatrice ».
L’Arabie Saoudite a, malgré sa volonté, ouvert la voie à un plus grand radicalisme islamique en s’opposant à la confrérie moderniste de façon si manichéenne.
La maison Saoud double le Qatar mais ouvre du même fait une autre porte à sa destruction en renforçant ses oppositions laico-libérales et radical-conservatrices.
Le rôle d’un Israel, de plus en plus religieux, risque également de surprendre par son inintelligibilité et gêner toute construction américaine dans la région.
La Chine, la Russie pourraient eux, s’affirmer et rendre la pièce au piège syrien en s’affirmant du côté de » la volonté des peuples arabes sunnites » …
L’alliance de raison Eurasiatique-Islam viendrait alors modifier l’échiquier du jeu géostratégique internationale.
Mais cette option suppose une prise en main de leurs paradigmes par les forces non occidentales en présence.
NOUVEAU PARADIGME
Le projet du Nouveau Moyen Orient en « soft power » a échoué dans sa tentative à cause de forces qui lui sont internes.
La rue arabe a, elle, désormais définitivement compris que l’Occident ne souhaitait pas voir gouverner » l’Islam politique » quelque soit sa forme et ses trahisons.
En fait, un bond en avant vers la montée du radical anti-occidental a été fait au détriment de l’intelligence américaine du fait même de ses contradictions internes.
Les pouvoirs tyrans et les radicaux révolutionnaires sont en fait les « meilleurs ennemis ».
L’heure est donc à la compromission totale et/ou à la radicalisation organisée.
Le terrain et la rue feront le reste.
La Rédaction I&I